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15 février 2022

Romance pourrie chez Harlequin, ah ben nan chez J’ai lu 1/2: héritage maudit, vagabond en goguette et greluche antipathique

La semaine spéciale romance pourrie continue ami-lecteur… Tu imagines bien que lorsque nous avons établi, avec Ema, le calendrier de l’évènement, nous avons essayé de diversifier un minimum les parutions. Nous avions de la Dark romance, avec moi, et de la Fantasy au rabais avec Ema. Je me suis alors demandé si je ne pouvais m’attaquer à une œuvre supplémentaire. Et pourquoi pas une Harlequinade ? Après tout, ce serait un brin étrange de faire une semaine spéciale pour la Sain-Valentin sans ouvrage de la célèbre maison d’édition de l’amûûûûûûûûr… En plus, à titre personnel, alors que je venais de me coltiner Laura et Massimo, j’avais besoin de mignonnerie, de tendresse, de petits cœurs en sucre rose. Bref je me suis alors mise à la recherche d’un titre Harlequin.

Parfois c’est la collection qui motive mon choix, comme avec Sixième sens, parfois c’est le résumé désopilant,… Plus rarement c’est le titre qui dirige mon choix, comme c’est le cas aujourd'hui. Sauf qu’une fois n’est pas coutume, je suis tombée sur un bouquin J’ai lu. Oui, oui je fais des infidélités à Harlequin. Avec une collection, je crois, disparue depuis longtemps : Duo. Que dire ? Laissons la couverture parler pour moi :

 

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Voilà, avec ce titre, Le Vagabond et le Milliardaire, digne d’un mauvais porno gay des années 90, je ne pouvais pas me tromper… Enfin, c’est ce que je pensais…

Nous rencontrons l’héroïne dès la première ligne, Harriet – ouais je sais...-. Et tout de suite on nous montre qu’on aura pas à faire à une femme pleine de bon sens :

Harriet Anderson signa les papiers sans même les lire. On lui léguait une importante somme d’argent, très importante même. Bouleversée, elle n’entrevoyait pas encore les conséquences que cet héritage aurait dans sa vie.

Oui c’est audacieux de construire tout de go un premier rôle un peu stupide. Du coup elle doit toucher un héritage. On ne sait rien de plus, si ce n’est que la donzelle a signé sans lire la paperasse. Après ça, elle est toute chamboulée alors elle se rend sur une île : Padre Island. C’est une étroite bande de terre qui longe l’état du Texas. Oui, depuis 365 jours et la fameuse fashion week dans le mauvais pays, je vérifie tout. Bref, Harriet marche sur une plage toute isolée. Finalement elle se rend compte qu’elle a oublié un truc dans son véhicule :

À contrecœur, elle retourna vers la voiture pour y prendre l’enveloppe posée sur le siège : la lettre de son père. Elle répugnait à la lire et pourtant elle savait bien qu’elle devait s’y résoudre. Soudain, une curieuse angoisse mêlée de curiosité et de nostalgie la submergea. Elle se mit à pleurer.

On se marre bien avec Harriet… Là on en apprend un peu plus sur son histoire. Son père, mort peu de temps auparavant, était malheureux et seul depuis que sa femme, la maman d’Harriet, l’avait quitté pour son frère, riche. Harriet le sait, son oncle a séduit sa mère grâce à son fric, le vilain. Elle est quand même un tantinet haineuse et amère la donzelle :

« Les riches sont bien tous les mêmes, se dit-elle avec colère. Ils se croient tout permis. Ils s’imaginent qu’avec leur argent ils peuvent tout acheter, y compris les gens. Mais c’est bien décidé : je ne toucherai pas à un centime de cet héritage. Papa n’en a pas voulu. Moi non plus. Cet argent est maculé de sang. Jamais je n’en vivrai. Je peux fort bien me débrouiller toute seule ! ».

Du coup j’avoue que je ne la trouvais pas très attachante notre héroïne de romance… Elle a des soucis financiers que la somme en question pourrait endiguer mais non, pour elle, l’argent est souillé. Bah… Je dois pas avoir de sens moral…

Au moment où je commençais à m’ennuyer en compagnie de la demoiselle, il se passe enfin un truc, au loin une silhouette :

Harriet finit par distinguer un homme grand et mince, torse nu, dont les cheveux touffus avaient la blondeur des siens. Il portait un vieux jean délavé transformé en bermuda. Ses jambes longues et musclées couraient en longues foulées souples à la lisière de l’eau.

Tu sens la romance qui commence ami-lecteur ? Bon on va mettre de côté le ridicule de la scène, la plage, l’homme qui court, on dirait une pub pour des croquettes… Déjà là je levais les yeux au ciel avant de glousser carrément quand je découvrais la suite :

Son regard d’un bleu profond, ses épais cheveux dorés, son corps grand, musclé tanné par le soleil, le faisaient ressembler à un Viking brusquement sorti d’un autre âge.

Alors que toute la plage est déserte, le mec s’assoit à côté d’elle. Du coup on a le droit à une petite leçon hétérocentré sur ce que doit être une femme :

Il était impossible de rester insensible à la force virile qui émanait de lui. Son parfum même était troublant. En d’autres circonstances, Harriet aurait réagi comme toute femme saine et normale qui se trouve soudain en compagnie d’un exceptionnel spécimen masculin.

Comme l’héroïne est ronchon, elle l’envoie bouler alors l’inconnu dit qu’il va la laisser tranquille – à la fois pourquoi venir l’embêter à la base ? -. Harriet, gênée par son comportement, s’excuse, comme quoi c’est une journée pourrie toussa toussa. L’homme propose alors :

Et si vous me racontiez ce qui ne va pas ? Parfois ça soulage. Je sais très bien écouter et j’ai tout mon temps… Je suis un vagabond, ajouta-t-il avec un petit rire.

Attend ami-lecteur, je peux le répéter ? « Je suis un vagabond ». Punaise c’est aussi drôle la seconde fois ! La demoiselle est toute étonnée, ben oui elle est experte en vagabond :

Il n’avais pas du tout l’air d’un vagabond. Elle avait entendu parler de ces gens dégoûtés du monde moderne qui fuyaient leurs semblables. Ils pêchaient, ramassaient du bois, fabriquaient des objets d’artisanat pour les vendre aux touristes. Elle en connaissait plus d’un dans les environs.

Euh… Ok… Bref, Harriet confie alors ses soucis :

Grâce à son argent, mon oncle a réussi à séduire ma mère, dit-elle d’une voix étranglée. Je l’ai appris ce matin.

Ensuite elle lui colle la lettre de son père entre les mains et lui demande de la lire à haute voix. Ouais, carrément… On apprend alors toute son histoire. Peu après la naissance d’Harriet, sa mère était malheureuse dans son couple. C’est alors que, dixit le notaire qu’elle a vu le matin même :

C’est alors que le frère de votre père est arrivé. Il était son aîné de plusieurs années et il avait réussi… Votre mère est tombée follement amoureuse de lui et a demandé le divorce. Votre père a refusé : il pensait qu’elle finirait par oublier votre oncle. Il se trompait. Elle a commencé à boire. Parfois elle disparaissait pendant plusieurs jours. Et quand elle rentrait, elle était ivre et l’injuriait. Votre père avait peur que, dans une de ses crises de violence, elle ne vous fasse du mal.

Du coup, le père a accepté le divorce et les 50 000 dollars que son frère lui proposait au départ quand il refusait, à condition que ce soit Harriet la bénéficiaire :

Cet argent, qui d’une certaine manière a servi à « acheter » votre mère, a été placé par votre oncle. Avec les intérêts, cela fait aujourd’hui une somme rondelette.

Peu après le divorce, quand Harriet avait trois ans, sa mère et son oncle sont morts dans un accident d’avion. La gamine a grandi et on précise bien que c’est une fille ennuyeuse sage :

Harriet acceptait rarement de sortir avec des amis. Elle n’osait pas laisser son père seul. Elle avait bien le temps d’avoir des flirts. Elle avait fui résolument toute aventure sentimentale et à vingt et un ans, son expérience des hommes était très limitée.

Le « vagabond » termine la lecture de la lettre puis on a le droit à un regard surnaturel. Voui surnaturel :

Le regard magnétique de l’inconnu l’attirait irrésistiblement, la subjuguait. Soudain, toute sa réserve naturelle céda. Pendant un long moment, ils se fixèrent intensément. Chacun cherchait à lire au plus profond de l’autre. Elle avait l’impression que leurs âmes ne faisaient plus qu’un. Un éclair étrange s’alluma dans le regard de l’inconnu.

C’est beau comme une chanson de Zaz… Après ça, le beau gosse lui conseille d’accepter l’argent et Harriet, jamais dans l’excès, se fâche :

Quel hypocrite vous faites ! explosa Harriet. Vous avez renoncé à tout pour mener une vie simple et vous me conseillez maintenant d’accepter cet héritage écœurant ! Si vous aimez l’argent et ce qu’il procure, que faites-vous donc ici ?

Là, il garde son calme – respect – et lui dit que ce qui compte c’est la façon dont on se sert de l’argent. Alors elle soutient que les riches sont tous pareils, égoïstes, vilains et blablabla. Et quand il continue de donner son opinion, Harriet se révèle un brin sexiste :

Avec un sens pratique bien masculin et qui la remplit de fureur, il déclara :

Cela fait beaucoup d’argent. À mon avis, il est absurde de le refuser. Prenez-le.

Il précise que c’est une tête de mule et au lieu de couper la conversation, la jeune fille se montre odieuse :

De quel droit me dictez-vous ce que j’ai à faire ? Vous n’êtes qu’un vagabond.

Mais quelle connasse… Là je me suis dit, c’est mort, il va se casser. Sauf que nan :

Il l’attira à lui et la serra contre son corps aux muscles d’acier. Il voulut l’embrasser, mais elle détourna la tête et le repoussa.

Et ensuite il continue à jouer au connard :

Un sourire inquiétant se dessina sur les lèvres de l’inconnu.

C’est moi qui commande, répliqua-t-il d’une voix menaçante.

Harriet ne se laisse pas faire, elle se débat et tente même un coup de pied… Le vagabond s’en fout et lui roule une pelle de force. Toute à mon indignation j’ai cru tomber de ma chaise en lisant la suite :

Sa bouche avide buvait la sienne, éveillant en elle une émotion qu’elle n’avait encore jamais ressentie. Tout à coup, elle aima le goût de cette bouche, la force brutale de ces bras qui l’emprisonnaient.

Incapable de résister plus longtemps à ce plaisir qu’elle découvrait – et la masturbation ?-, elle se mit à répondre avec ardeur à ses caresses. Le feu qui brûlait ses lèvres envahit tout son corps. Elle laissa tomber la lettre et glissa les bras autour du cou de l’inconnu. Elle se serra contre lui avec volupté et frissonna au contact de sa main sur son épaule. Lentement, elle glissa une main vers la poitrine masculine.

Ah ben bonjour la Culture du viol. Donc voilà le message du bouquin : il suffit d’insister parce que les femmes finissent par céder… Ben oui elles ne savent pas ce qu’elles veulent hein… Argh…

Quand ils se décollent enfin l’un de l’autre, Harriet est d’humeur toute romantique. Or le mec reparle de l’argent, comme quoi elle devrait vraiment l’accepter. Et elle se met en colère. Non pas parce qu’il l’a agressée, ben nan, mais parce qu’elle est déçue par son manque de romantisme :

Quel genre d’homme êtes-vous donc ! (La déception et la colère l’étouffaient – ben meurs ! Meurs !- Vous êtes méprisable. J’espère ne jamais vous revoir !

Elle se casse ensuite et rentre chez elle. Là, elle appelle le notaire pour refuser l’héritage et ce dernier tente de la dissuader. Enfin, il le fait avec condescendance sinon c’est pas drôle :

À votre âge on est impulsif, prêt à prendre des décisions qu’on regrette par la suite. Vous êtes idéaliste, incapable de voir le côté pratique des choses. Vous devriez réfléchir à tout ça pendant quelques jours.

Hariett, gentille fille, accepte de ne pas prendre tout de suite une décision alors l’homme de loi est tout content. Même qu’il lui dit « C’est bien mon petit ». Perso, si un homme me dit ça, j’aurais juste envie de le tabasser… Harriet, elle, préfère prendre un bain moussant et repenser à la rencontre de la plage. Vu qu’elle est gênée d’avoir cédé au « vagabond » elle commence à se monter la tête et décide que c’est un vilain :

Il avait sans doute perdu son emploi et était sur la plage, trop paresseux pour chercher un autre travail. Voir peut-être même un fugitif recherché par la police. Elle frissonna. S’il vivait là, c’était sans doute par nécessité et non par choix. Elle comprenait enfin son insistance, elle devinait son plan. Il flânait sur la plage à la recherche de femmes riches et vulnérables. Il les séduisait et, quand il avait dépensé tout leur argent, il les laissait tomber.

 

On retrouve l’héroïne le lendemain. Elle apprend l’art dramatique à la fac et passe une audition pour la pièce que monte le théâtre de la ville. Elle tente le premier rôle, le personnage de Julie Long. Et elle se vautre, elle joue comme une poutre. Son professeur la rassure, elle est parfaite pour ce rôle même qu’on sent bien qu’il s’intéresse plus à la séduire qu’à lui enseigner quelque chose. Ensuite on apprend que le metteur en scène, Nelson, ne peut monter la pièce que grâce au financement d’un milliardaire texan, Garry McPhail. Puis Ted, le prof de théâtre un peu trop intéressé par son élève, la raccompagne jusqu’à sa voiture. Il l’embrasse doucement puis s’en va. Harriet est tout étonnée mais ne peut s’empêcher de repenser au mec de la plage :

À sa place, elle vit un grand Viking blond qui s’avançait vers elle, l’enlaçait de ses bras puissants, la serrait contre son corps viril et l’embrassait avec une fougue qui la brûlait. Harriet frissonna. Ce souvenir n’allait-il donc jamais cessé de la hanter ?

Elle est toute troublée quand même… Le lendemain matin, alors qu’elle sort de chez elle :

Elle se dirigeait vers sa voiture quand son attention fut attiré par une camionnette verte stationnée de l’autre côté de la rue. Elle eut la certitude que le chauffeur l’observait. Mais dès qu’elle regarda dans sa direction, il plongea le nez dans un journal.

Oulala du suspens… Non en vrai c’est moi qui ai embauché un tueur pour me débarrasser de ce personnage… Si seulement… Bref, elle prend sa voiture et croit être suivie par la camionnette.

Après les cours et son boulot à temps partiel, Harriet décide de retourner sur l’île pour trouver un peu de sérénité. Comme toujours, elle se montre ronchon :

Elle leva les yeux et aperçut un hélicoptère qui passait au-dessus d’elle. « On ne peut donc jamais échapper au monde moderne ! » se dit-elle avec humeur.

Pitié mais c’est quoi cette héroïne désagréable ?

Après ça, elle a une sorte de prise de conscience :

Son cœur se mit à battre : la raison de sa présence sur l’île venait de lui apparaître comme dans un éclair. Si elle la connaissait depuis longtemps, elle n’avait pas voulu se l’avouer. Elle redoutait d’affronter la terrifiante vérité : elle voulait revoir le vagabond.

Et bien entendu, qui se pointe ? Et ouais le « vagabond ». Quand il lui pose des questions, elle l’envoie bouler :

Ça ne vous regarde pas, rétorqua-t-elle. Maintenant, partez et laissez-moi tranquille.

Pourquoi ? demanda-t-il avec un sourire malicieux. Après ce que j’ai fait pour vous, vous pourriez au moins me dire merci.

Je ne sais pas de quoi vous parler.

Et bien, pour commencer je vous ai écoutée vider votre sac et me raconter tous vos problèmes personnels.

Il aurait pu s’arrêter là… Sauf qu’il continue :

Et, pour finir, ajouta-t-il avec un sourire plein de moquerie et de suffisance, pour finir, j’ai éveillé en vous des sentiments passionnés dont vous n’aviez pas idée.

Pas du tout présomptueux le mec… si j’avais pu engager un tueur, il aurait eu deux boulots… Harriet n’apprécie pas son comportement et s’apprête à le gifler. Il l’arrête, l’embrasse de force puis surenchérit :

Il s’agenouilla et l’attira à lui sur le sable, la forçant à s’étendre. Elle le fixait d’un air terrifié. La flamme du désir brillait dans les yeux de l’inconnu.

Vous n’auriez jamais dû venir ici seule, murmura-t-il d’une voix rauque. Il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Vous aurez beau crier, vous débattre, rien ne pourra m’empêcher de vous prendre, vous m’entendez ?

Petite pause lamentation ami-lecteur… Alors bon, j’ai choisi une romance datée en imaginant me remettre de la lecture de 365 jours. Tu vois l’arnaque ?

Bien entendu il la tripote et l’embrasse de nouveau. Et Harriet, comme la première fois, finit par aimer ça :

Tout raison l’avait quittée. Elle plongea ses doigts dans le duvet qui recouvrait la poitrine du vagabond et blottit sa joue dans le creux de son cou. Malgré tous ses principes, elle était incapable de résister. Elle savait que s’il la voulait, elle s’abandonnerait à lui avec une fureur sauvage.

Finalement, l’homme la relâche :

Ne vous méprenez pas. J’avais… J’ai toujours très envie de vous et j’aurais pu vous prendre. Vous le savez aussi bien que moi. Sur le moment, cela aurait été merveilleux. Mais, après, cela aurait été moins agréable. Non…

Puis il part. Harriet, tout perturbée, préfère de nouveau se rassurer avec des pensées débiles :

Cet homme démoniaque lui avait jeté un sort !

Quand elle décide de quitter la plage à son tour, sa voiture s’enlise. Du coup elle part à pied pour trouver de l’aide. Et tombe sur une cabane :

C’est sûrement la cabane du vagabond ! S’exclama-t-elle en approchant.

Du coup, pas gênée pour un kopeck, elle entre. Sauf que là :

Et soudain une colère noire s’empara d’elle ; des larmes de dépits lui montèrent aux yeux : sur l’étagère, elle venait d’apercevoir des vêtements de femme, débardeurs, shorts, sous-vêtements, sandales.

La jeune fille est traumatisée, le « vagabond » a une copine. Rappelons qu’elle n’est même pas certaine que ce soit bien chez lui mais qu’importe… Elle fuit.

Quelques temps après, elle reçoit un coup de fil : elle a obtenu le rôle de Julie, c’est le producteur, le milliardaire texan, qui a insisté. Harriet ne comprend pas comment elle a eu le premier rôle :

Malgré ses préoccupations le soir de l’audition, elle s’était parfaitement rendue compte que d’autres candidates jouaient mieux qu’elle. Il se passait quelque chose de bizarre.

Quand elle dit au metteur en scène qu’elle ne sait pas si elle conviendra au rôle, le pauvre saute sur l’occasion de le donner à une autre mais Harriet a un sursaut d’orgueil, elle veut relever le défi. Lors de la première répétition Ted Barnes, le professeur, qui a obtenu le premier rôle masculin, lui dit qu’elle s’en est bien sortie. Alors elle lui demande si c’est lui qui s’est débrouillé pour lui obtenir le boulot. Il dément et, encore une fois, elle a une réaction disproportionnée :

Harriet tremblait de colère.

Je ne vous crois pas. Pourquoi me mentez-vous ?

Décidément, Harriet me sort par les yeux…

Harriet bosse vraiment dur, tant et si bien que le metteur en scène s’excuse et dit qu’elle est à la hauteur du rôle de Julie Long. Au lieu de le remercier et d’accepter le compliment avec élégance, elle l’accuse :

C’est Garry MacPhail qui vous a poussé à me dire ça ? Lui demanda-t-elle avec véhémence.

Sauf que non et Harriet finit par admettre son erreur. Quand elle se plaint du producteur – qu’elle ne connaît même pas – le metteur en scène lui fait une confidence : personne ne le sait mais c’est Garry McPhail qui est l’auteur de la pièce. Harriet confirme que c’est une connasse incapable de se remettre en question :

Comment un homme d’affaires dur et blasé pouvait-il avoir une pareille sensibilité ?

Il avait dû payer quelqu’un pour écrire à sa place ! C’était la seule réponse logique. Un homme riche comme lui était sans doute prêt à tout pour satisfaire sa vanité.

Quelqu’un lui explique que personne n’étant au courant qu’il est l’auteur, il veut rester anonyme, ça ne peut pas satisfaire sa vanité ? La donzelle continue à sortir les mêmes discours haineux :

Les riches me dégoûtent ! S’exclama Harriet, soudain furieuse.

L’image de son père lui revint en mémoire. Petit-fille, elle s’était glissée un soir dans sa chambre et l’avait trouvé en larmes devant le portrait de sa femme. Voilà ce qu’avait fait l’argent son oncle.

Lorsqu’un peu plus tard, Ted la raccompagne chez elle, il lui apprend qu’une célébrité de la TV va venir jouer dans la pièce, une certaine Linda Devans. Le professeur a d’ailleurs une hypothèse sur le fait qu’une vedette vienne pour un second rôle :

Mais j’ai aussi une autre idée. McPhail et elle ont eu une liaison autrefois. Ce qui peut laisser penser qu’elle ne vient pas uniquement par intérêt. Une femme aussi orgueilleuse qu’elle ne laisserait jamais la vedette à une comédienne locale sans une très sérieuse raison.

Après tout ça, Ted embrasse Harriet mais elle n’a pas la tête à ça :

Quand les lèvres de Tedeffleurèrent doucement les siennes, elle se demanda si, en se laissant embrasser, elle ne cherchait pas à se déculpabiliser d’avoir céder au vagabond. N’était-elle pas prête, ce jour-là, à se donner à un inconnu ? Comment aurait-elle pu ensuite repousser un homme gentil et honnête, qui s’intéressait vraiment à elle et pas seulement à son argent ?

Tu vois les réseaux sociaux ami-lecteur ? Quand quelques hommes viennent chouiner comme quoi les femmes préfèrent les connards aux gentils garçons – sous-entendu à eux – et que c’est pas juste ? Ben là l’auteure nous sert quand même le même purin, comme quoi on devrait être assez reconnaissante quand un homme est gentil pour lui offrir nos faveurs. Besoin d’un sac à vomi ? Tu m’étonnes…

En plus Harriet a besoin d’être protégée :

Elle était soulagée d’être raccompagnée jusqu’à sa porte par un homme grand et fort. La mystérieuse camionnette verte l’avait encore suivie plusieurs fois et la jeune fille ne se sentait pas très rassurée de rentrer seule la nuit.

 

On retrouve tout ce petit monde à la soirée de bienvenue en l’honneur de Linda Devans, la vedette venue s’encanailler chez les amateurs. Bien entendu un affrontement a lieu entre cette dernière et l’héroïne. Là on tombe encore plus dans le monde du cliché : Linda est brune, expérimentée avec les hommes et très maquillée. Hariett est blonde, encore vierge et ne porte qu’un peu de gloss. Sans commentaire…

Bref Linda sous-entend qu’elle vise quand même le premier rôle et Hariett est toute retournée par la conversation alors Ted, pour lui remonter le moral, lui propose de partir avec lui pour un petit voyage au Mexique. En précisant bien :

En tout bien tout honneur, la rassura-t-il. Nous partirons de bonne heure pour rentrer le soir même. Je ne vous demande pas de passer la nuit avec moi. J’espère que vous ne pensiez pas que c’était sous-entendu.

Elle dit qu’elle y pensera mais en fait, elle rumine encore des trucs nauséeux :

Que penserait-il d’elle s’il savait ? Comment pouvait-elle se prétendre pure ? Si elle l’était encore, c’était uniquement parce que son vagabond l’avait repoussée.

Finalement elle ne peut pas l’accompagner car elle doit aller à Dallas pour acheter des vêtements de luxe pour la pièce. Le voyage et le shopping sont tout frais payés par Garry McPhail le producteur/auteur/milliardaire. Hariett commence à être curieuse à propos de ce dernier :

Harriet avait l’impression de vivre un conte de fées. Elle avait espéré faire enfin la connaissance du légendaire Garry McPhail. Mais, fidèle à ses habitudes, il ne fit sentir sa présence qu’à travers l’efficacité de son équipage et le déroulement parfait des opérations.

Elle apprécie la virée shopping mais cela ne change pas son état d’esprit :

Les sentiments qui agitaient Harriet étaient très confus. Elle haïssait tous les McPhail et leur argent qui corrompt tout. En participant à ce voyage aux Pays des Merveilles, elle avait l’impression de trahir ses principes.

Enfin la première de la pièce arrive. Et, misère, Ted est malade. Oh, quel dommage… Et qui le remplace ? Garry McPhail. En apprenant la nouvelle, Harriet fait encore son petit numéro :

Encore un tour de ces milliardaires qui se croient tout permis ! s’écria-t-elle d’un ton amer. McPhail vous a obligé à maintenir la première, n’est-ce pas ? Il est sans doute ravi que Ted Barnes soit malade. Au dernier moment il peut prendre le rôle principal ! Voilà de quoi flatter son orgueil démesuré !

Le metteur en scène la remet enfin à sa place :

Ce n’est pas tellement McPhail qui me préoccupe : il a du talent et il connaît sa pièce. C’est vous qui m’inquiétez. Vous ne l’avez jamais rencontré et vous avez des préjugés contre lui. Pour vous, il symbolise ce monde impitoyable de l’argent que vous détestez. Comment allez-vous pouvoir jouer des scènes d’amour avec un homme que vous haïssez ?

Elle se prépare donc puis :

Tout à coup, il fut devant elle. Elle leva les yeux et crut qu’elle allait défaillir : c’était le grand Viking blond de la plage !

Que faites-vous ici ? demanda-t-elle d’une voix entrecoupée.

Hariett est bien la seule qui ne devine pas ce qui se passe… Tu as compris la suite ? Et oui, le « vagabond » lui révèle la vérité :

Après la représentation, je vous raconterai tout en détail. Pour le moment, il faut que vous sachiez l’essentiel : je suis Garry McPhail.

C’est après cette révélation fracassante que je vais te laisser ami-lecteur… Nous nous retrouverons dès demain pour la seconde partie des aventures d’Hariett, la fille antipathique qui n’aime pas les riches…

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