Pour ce troisième jour de la semaine spéciale Saint-Valentin, nous allons connaître la suite des aventures d’Hariett. Tu te souviens ami-lecteur ? Nous avions laissé la jeune fille juste avant la première de la pièce. Elle venait non seulement d’apprendre que Garry jouerait exceptionnellement le premier rôle masculin mais, qu’en plus, ce dernier, le producteur/auteur/milliardaire texan, n’était autre que l’homme qui s’était présenté à elle comme un vagabond. Ce dernier lui a dit qu’il lui expliquerait tout après la représentation. Quand même Hariett ne cesse d’y pense :
McPhail n’habitait pas sur la plage avec une autre femme, pas plus qu’il ne cherchait à exploiter les riches héritières.
Ces derniers points étaient à l’avantage de Garry McPhail. Mais l’autre côté de la balance pesait plus lourd. Car son inconnu sans le sous était cet homme d’affaires sans scrupules qui n’hésitait pas à acheter un directeur et son théâtre pour satisfaire une ambition démesurée.
Sauf que pendant la pièce, elle se laisse emporter quand son personnage et celui de Garry s’embrassent. Hariett ne peut se mentir :
Mais très vite, elle vit clair en elle : c’était par désir et non par devoir qu’elle répondait passionnément aux baisers de son partenaire !
En coulisse, entre deux scènes, Linda montre d’ailleurs qu’elle n’est pas dupe
— J’ai vu comment vous avez embrassé Garry, dit l’actrice, les lèvres serrées. Si vous avez une idée derrière la tête, vous feriez mieux d’y renoncer. Il est à moi. Vous ne l’aurez pas.
Quand elle retourne sur scène, Harriet continue à vivre la pièce comme si elle était vraiment Julie Long, son personnage :
Harriet avait oublié son mépris pour Garry PcPhail. Elle vivait une aventure merveilleuse et fantastique, un de ses plus beaux rêves qui prendrait fin avec le dernier baisser de rideau.
La pièce est un succès mais Hariett, pendant la fête organisée après la représentation, s’isole pour réfléchir. Et Garry la rejoint pour lui expliquer. Il lui dit qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Julie Long, car oui elle a vraiment existé :
La vraie Julie Long. C’est une fille que j’ai connue à l’université et que j’aimais, dit-il d’une voix soudain rauque. Nous devions nous marier mais… elle a été tuée dans un accident.
— Et cette pièce, vous l’avez écrite après sa mort ?
— Oui, mais elle n’a jamais été jouée.
En entendant cela, Hariett a encore plus les boules :
— J’ai donc servi de doublure à la femme que vous avez perdue, dit Harriet d’une voix mordante. Quand vous me regardez, c’est Julie Long que vous voyez.
Garry essaie de justifier ses mensonges sur la plage :
Par exemple, je crains beaucoup les femmes qui courent après mon argent. Quand je vous ai rencontrée, j’ai eu peur de voir vos yeux briller de cupidité dès que je me présenterais. C’est pourquoi je ne l’ai pas fait.
Alors qu’on pourrait presque comprendre son attitude en sachant son histoire, le texan finit par révéler que c’est juste un harceleur flippant – comme Massimo -
— Il a été facile de vous retrouver. Et puis, quand vous êtes partie ce jour-là, j’ai noté le numéro de votre voiture, j’ai appris votre adresse par le service des immatriculations et je vous ai fait filer par un de mes hommes. Je voulais savoir quand vous veniez dans l’île pour m’y rendre en hélicoptère et vous y rencontrer… par hasard !
Il évoque même le désir qu’elle a pour lui :
— Sur la plage, vous aviez envie que je vous prenne, insista-t-il. Vous ne pouvez pas le nier. J’aurais pu vous avoir quand je le voulais.
Puis :
Maintenant que vous connaissez ma véritable identité, il n’y a plus d’obstacle.
Elle proteste en expliquant qu’elle ne veut pas de lui parce qu’il a tendance à acheter tous ceux qui barrent sa route. Garry confirme alors qu’il est un sale connard :
McPhail la regarda fixement, puis éclata de rire.
— Rien ne m’empêchera de vous posséder. Et si je dois me servir de mon argent pour vous conquérir, eh bien, oui, je le ferai.
Cette fois Hariett tente de le calmer en lui rappelant qu’elle n’est pas Julie Long et lui demande de la laisser tranquille. Mais ce gougnafier persiste :
— Vous me céderez, de plein gré et avec joie, je vous le garantis !
Ensuite Garry la laisse seule. Linda finit par la rejoindre et la mettre en garde :
— Les hommes comme McPhail désirent toujours ce qu’on leur refuse. L’obstacle les galvanise. Quand enfin ils ont obtenu ce qu’ils cherchent, ils s’en désintéressent totalement. Mais Garry me reviendra. Il est à moi depuis longtemps.
La soirée se termine enfin et Hariett rentre, toute résolue à ne pas céder à son soupirant maléfique.
Le lendemain, Ted lui montre une critique qui encense son jeu d’actrice. Hariett commence alors à divaguer :
L’inconnue qui l’habitait et qui, sur la plage, avait répondu spontanément aux baisers de McPhail s’était mise à vivre sur scène sous l’identité d’une autre femme.
Elle va encore même plus loin :
Que lui arrivait-il ? Était-il possible que la véritable Julie Long soit sortie de sa tombe pour se réincarner dans son propre corps et aimer Garry McPhail ?
J’ai vraiment envie de la secouer la greluche…
Les jours défilent et les représentations continuent à rencontrer beaucoup de succès même si Ted a désormais repris le premier rôle masculin. Finalement, Garry annonce à toute la troupe qu’il est l’auteur et qu’il veut une tournée qui finira par Broadway. Tout le monde sera payé et il espère que tous accepteront. Si Ted accepte tout de suite, Harriet est surtout en colère :
« Une fois de plus, pensa-t-elle avec colère, il essaie de nous acheter avec son argent. Il y est déjà parvenu avec Ted et, si je reste, il en sera de même pour moi ! »
Bref, malgré son rêve d’être comédienne, elle hésite à accepter de partir en tournée. Finalement, un matin, Garry la convoque à propos du contrat. Dans un avion… Et elle, cette nouille, elle ne voit pas le problème... ce qui devait arriver arriva :
— Veuillez attacher vos ceintures. Nous allons décoller.
— Oh non ! S’écria Harriet d’une voix étranglée.
Elle fit un autre pas vers la porte dans l’intention de faire arrêter l’avion mais il prenait de la vitesse. Elle faillit perdre l’équilibre – moi aussi en lisant cette chose -. Résignée, elle se laissa tomber sur un siège et attache sa ceinture.
Quand Garry se pointe elle lui reproche de l’avoir enlevée et lui réagit comme le vaurien qu’il semble être :
— Vous avez vraiment le sentiment d’avoir été enlevée ?
— De quel autre nom appelez-vous ça ? Je suis ici contre ma volonté et Dieu seul sait où vous m’emmener !
— Je veux vous donner l’occasion de me connaître, répliqua-t-il calmement. Vous allez être mon invitée pendant 48 heures. Je vais vous montrer tout un côté de moi que vous ignorez. Vous m’avez rencontré sur la plage déguisé en vagabond. Vous m’avez vu ensuite en comédien. Maintenant, je voudrais que vous découvriez le véritable Garry McPhail.
Et hop, il l’emmène dans son ranch. Youpi… Dès qu’elle entre dans ce dernier – alors que Garry est occupé ailleurs – elle tombe là-dessus :
Soudain son regard s’immobilisa sur un portrait accroché au-dessus de la cheminée. Le souffle lui manqua. Il lui renvoyait qu’elle contemplait la véritable Julie Long. La ressemblance était frappante.
Perso, j’aurais appelé les flics… Mais non elle monte dans la chambre qu’elle va occuper et essaie la garde-robe fournie par Garry. Avant de se souvenir de sa situation :
Se rappelant qu’elle était la prisonnière de McPhail, elle se demandait quel comportement adopter pendant ces deux jours. Fallait-il bouder – mais elle a quel âge ?- ou au contraire se détendre et accepter de s’en remettre au bon vouloir de son hôte ? De toute façon, l’expérience promettait d’être fascinante !
Hariett profite alors de sa journée… Garry lui fait visiter le ranch et elle est toute émue quand il parle de ses chevaux :
Harriet fut émerveillée par la sensibilité qu’il manifestait à l’égard de ses chevaux.
Elle apprend même que le texan met son ranch à disposition pour des associations et elle en est ébaubie :
La charité était bien la dernière qualité qu’elle s’attendait à trouver chez un être aussi impitoyable.
Ce n’est que lorsqu’ils assistent au marquage eu fer des veaux, qu’elle semble reprendre ses esprits :
— C’est bien dommage que le veau n’ait pas on mot à dire, rétorqua Harriet.
— Ne soyez pas ridicule, dit-il avec impatience. Il est indispensable dans notre métier de se prémunir ainsi contre le vol. De plus, quand une bête non marquée passe sur les terres du voisin, c’est toute une histoire pour la récupérer par la suite.
Même qu’elle recommence à le haïr :
Il se moquait bien de ces pauvres animaux ! Elle l’avait cru humain mais elle s’était trompée. C’était bien l’homme impitoyable qu’elle connaissait.
Ben oui, c’est pas comme si un être humain pouvait avoir plusieurs facettes hein. Y a les gentils, pis y a les méchants. Et les méchants sont pas gentils.
Au secours…
Malgré tout, elle parvient à passer une bonne soirée, quand il l’emmène dîner en hélicoptère sur une plate-forme pétrolière (c’est vraiment un pote de l’environnement ce Garry…). D’ailleurs le milliardaire lui pose la question suivante :
— Vous avez toujours le sentiment d’avoir été kidnappée ?
— Mais… vous m’avez trompée. Vous m’avez obligée à venir ici contre mon gré, biaisa-t-elle.
— Oui, mais maintenant que vous êtes là, vous n’avez pas l’impression d’être maltraitée, il me semble, fit-il avec un sourire moqueur.
Toi aussi tu le trouves affreux ce mec ? Et oui…
Hariett en est toute confuse :
McPhail avait abusé de son pouvoir ! Pendant deux jours, il l’avait arrachée au monde réel pour la plonger dans un univers de rêve. Il l’avait éblouie par sa richesse et sa puissance, lui avait fait perdre pied et avait ébranlé toutes ses résolutions.
Même qu’une fois revenus au ranch, ils s’embrassent et, au lieu d’avoir le triomphe modeste, Garry la nargue :
— Vous voyez, l’argent est tout-puissant ! Je peux m’acheter tout ce dont j’ai envie, même un week-end avec une jeune comédienne entêtée mais charmante !
Là, Hariett se rebelle :
Ce n’est pas moi que vous venez d’embrasser, c’est Julie Long. Et si j’acceptais d’être à vous, vous fermeriez les yeux et c’est elle que vous aimeriez !
Elle est courageuse quand même… Sauf que Garry se montre violent :
Il avait brusquement levé la main et, de sa large paume, il lui cingla la joue. Elle laissa échapper un cri de douleur et d’effroi.
— Ainsi vous croyez que je vous veux pour satisfaire un désir inassouvi, lança-t-il avec rage. Eh bien, si nous essayions pour voir ?
Puis il la jette sur le lit et là, j’ai commencé à me demander si j’allais devoir lire une scène de viol. Sauf que nan :
— Non… je vous en prie, sanglotait-elle. Non pas comme ça…
Il frémissait de la tête aux pieds, se maîtrisant au prix d’un effort surhumain. Il passa une main tremblante sur son front et respira profondément.
— Pardon… Harriet, mais vous m’avez poussé à bout.
Notons deux choses ami-lecteur. Déjà on nous explique combien un homme est héroïque de résister à ses pulsions avec « efforts surhumains ». Puis on rejette allégrement la faute sur la victime : « vous m’avez poussé à bout ».
C’est à ce moment là que je me suis dit que cette chose devait vraiment dater. J’ai pensé que ce roman devait avoir paru début 70. Sauf que nan, je suis allée vérifier : 1981 ! et ça m’a donné envie de pleurer.
Après cette agression, Garry la laisse enfin seule. Hariett continue à nous expliquer combien elle est attirée par lui – et oui même après ça - :
Harriet savait qu’aucun autre homme n’éveillerait en elle un désir aussi ardent. Si un jour il devrait la prendre de force ou à cause de sa propre faiblesse à elle, tout son être se consumerait d’une folle passion pour ne laisser ensuite que des cendres d’amertume et de regret. Il manquait à leurs relations ce sentiment qui entretient une flamme entre deux explosions de désir.
Elle va jusqu’à penser qu’elle est amoureuse :
Quand, à force de pleurer, elle finit par s’endormir, elle savait qu’elle aimait Garry McPhail, qu’elle l’avait aimé dès leur première rencontre sur la plage, mais que cet amour était à jamais condamné.
À la suite de ce séjour catastrophique, Hariett prend une décision drastique :
Elle trouverait refuge dans l’amour de Ted Barnes et finirait bien par connaître le bonheur…
Euh ouais si tu veux… D’ailleurs elle se montre franche avec lui :
— Ted, dit-elle lentement, je veux être honnête. J’éprouve pour vous beaucoup de respect, d’admiration et de tendresse, mais je ne suis pas amoureuse de vous. Voulez-vous toujours de moi dans ces conditions ?
Ted est ravi. Tellement qu’il part un tantinet en vrille le pauvre bougre :
— Nous nous marierons juste avant le début des représentation à Dallas.
Hariett est soulagée par ces fiançailles très rapides :
Mais elle serait alors Mme Ted Barnes, protégée du pouvoir destructeur qu’il exerçait sur elle.
Là je dois bien avouer que je me suis demandée si notre héroïne n’allait pas finir avec Ted. Je sais, je sais… C’était un peu optimiste. Mais comment diable l’auteure pourrait arranger l’affaire entre Harriet et le milliardaire tout pourri ? Ben c’est tout simple, l’auteure nous sort un cyclone de son chapeau de cow-boy. Et pas n’importe quel cyclone, un gros vilain pas beau cyclone. Or Ted, le fiancé qui sert à rien, se trouve à Dallas. Du coup, Harriet se retrouve toute seule, dans son appartement, au moment où arrive le gros vilain pas beau cyclone. Visiblement des maisons s’écroulent et tout ça. Et paf, qui frappe à la porte à ce moment-là ? Je te le donne en mille ami-lecteur, Garry le connard-milliardaire. Harriet est toute soulagée :
— Je suis heureuse que vous soyez là, avoua-t-elle. J’étais terrifiée.
La situation empire et ils se retrouvent à attendre la fin du cyclone dans les bras l’un de l’autre. Tout à coup Hariett oublie tous ces griefs contre Garry :
Elle songea à la mort et sourit en pensant que mourir dans les bras de l’homme qu’elle aimait était la plus belle façon de s’en aller. Il pouvait bien penser à Julie Long ! Quelle importance maintenant ! L’essentiel, c’était de l’avoir près d’elle. Il représentait tout ce qu’elle désirait et, pour le moment, elle n’en demandait pas plus.
Ben elle en demande pas beaucoup quand même…Hélas ils survivent et Garry utilise alors son argent pour venir en aide aux sinistrés. Il veut aussi que Harriet lui donne un coup de main mais elle proteste :
— Je vous admire de vouloir les aider, dit Harriet avec sincérité, mais vous n’avez pas besoin de moi. Je vous fais confiance. Vous saurez tout prendre en main.
— Détrompez-vous. Il doit y avoir des femmes blessées ou des enfants dont les parents ont disparu. Ils auront besoin d’une femme pour s’occuper d’eux.
Je ne relèverai pas le sexisme cuisant de cette réplique, j’ai trop hâte d’en finir. Finalement après avoir joué les bienfaiteurs, ils se reposent un peu. Là Harriet a une révélation qu’elle partage avec le texan :
L’argent est un facteur de corruption, mais je viens de découvrir qu’il peut aussi faire un bien considérable. Je sais maintenant à quoi servira mon héritage : je vais le distribuer aux survivants. Cela leur permettra de parer au plus pressé en attendant les secours du gouvernement.
Suite à cela, Garry avoue son amour pour la jeune femme en la rassurant sur la sincérité de ses sentiments :
Harriet, ce n’est pas Julie Long que j’aime. C’est vous, et vous seule.
Comme tu peux t’en douter ami-lecteur, notre héroïne en fait de même :
— Je t’aime, je t’aime, murmura-t-elle, depuis le premier jour. Vagabond, milliardaire ou Viking, je t’aime du plus profond de mon cœur, absolument et pour toujours…
C’est ainsi que se termine l’histoire d’amour sordide entre Hariett et Garry. Avant de te laisser, ami-lecteur, ayons une pensée ému pour le fiancé d’Hariett, Ted, toujours à Dallas dans l’ignorance de son malheur. En vérité, si je pouvais m’adresser à lui, je lui dirais : « Respire, tu l’as juste échappée belle ! »
Sur ce, je te laisse ami-lecteur, mais n’oublie pas que la semaine spéciale romance pourrie continue demain et ce sera Ema, ma collègue, qui aura le plaisir de partager sa Culture pourrie...