Eiko – Akino Kondoh
Edition : Le Lezard Noir
Parution : 2004 pour le Japon, 2006 pour la France
Classement : manga, seinen
« Le sol de l'école est trop dur. C'est embêtant pour marcher. Le sport n'en parlons pas. Si j'ai l'esprit lourd, c'est sûrement aussi à cause du sol. »
Toute métamorphose ou mue, est de par nature un cap difficile, douloureux, étrange, incompréhensible, aussi bien physiquement que psychologiquement. Difficile pour un artiste de traduire cela en Art. Mais concernant le passage à l'âge adulte des petites japonaises, Akino Kondoh y est parvenue. « Eiko » traduit tout cela... mais pas seulement. Cette œuvre intelligente ramène chaque lecteur, masculin ou féminin, vers son subconscient au moment où celui-ci se posait en contrepoids à ce conscient troublé par le changement inéluctable se produisant. Ce livre, cher lecteur, va ramener à la surface des souvenirs (parfois oniriques) disparus, enfouis par notre fausse pudeur d'adulte. Mais d'abord, qui est Akino Kondoh ?
Akino Kondoh est une artiste japonaise née en 1980 à l'est de Tokyo. Diplômée de l'université d'art de Tama elle reçu de nombreux prix dont celui d'animation Digista avec sa vidéo « The evening travelling » (où elle dessina elle-même, sur une duré d'un an, les 3000 dessins nécessaires). Akino use de plusieurs médias tel que la peinture , l'animation, le manga... Ses œuvres ont été exposées dans plusieurs expositions collectives, et une exposition personnelle lui a été consacrée à la galerie d'art Mizuma à Tokyo. L'artiste vit actuellement à New York.
« Eiko » est une suite de mini-récits de jeunes lycéennes japonaises âgées d'environ seize ans toutes unies par les mutations liées à l'adolescence et à ce sentiment d'incompréhension de l'entourage qui en découle. L'univers onirique est là pour masquer la violence de la solitude et de la métamorphose ; pour les filles, la choquante arrivée des menstruations, thème très présent dans l’œuvre de Kondoh. Le dessin, rond et simple (fausse simplicité bien sûr!), est parfait et met bien en image les souvenirs pubères de l'auteur (oui ! Car on sent bien qu'il y a quelque chose d'autobiographique dans cette « histoire ») sans sombrer dans le délire caricatural. Quelquefois, on se perd dans les corridors de ces souvenirs. Alors une deuxième lecture est plus que nécessaire si on veut approcher toute cette complexité métaphorique qui nous concerne tant en fait. Au niveau de l'approche avant-gardiste et absurde, sur la forme, on se rapproche assez du travail de Marc-Antoine Mathieu, ce qui est pour moi plus qu'un compliment. Le noir-et-blanc sont les teintes de la mémoire : ici, cela rend bien malgré le sentiment qu'un peu de rouge aurait eu sa place ; il suffit de voir les courts animés, ou les peintures d'Akino pour saisir le poids de cette couleur. Les insectes,eux, sont présent bien évidement ; ils le sont presque toujours dans les visions artistiques de Kondoh. Regardez-les d'un peu plus près et vous comprendrez... « Eiko » est à lire, à penser, à visionner, à sentir, à rêver de toute urgence.
NOTE GLOBALE : 18,5 / 20
Le court The evening travelling
Ladybird's requiem, version résumée :