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Les Voraces
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18 septembre 2012

Le Journal de Louise B. – Jean Vautrin

9782266150040

Édition : Pocket

Parution : 2002

Classement : roman

 

De Jean Vautrin, je n'avais lu que La Dame de Berlin -le tome 1 des aventures de Boro- écrit avec Dan Franck. Le Journal de Louise est un roman signé seulement de monsieur Vautrin et c'est la quatrième de couverture, sur Bibliotroc, qui m'a décidée :

Maquillée, vêtue comme une fille de mauvaise vie, armée du revolver de son père, voici Louise. Qu'est devenue l'obscur prof de trente ans qui craignait la vie, le monde et les hommes ? Elle n'existe plus. Le cauchemar de Louise a commencé par une soirée avec ses élèves de troisième. Quelques verres ont suffi à transformer ces gamins en bêtes sauvages, la fête en viol collectif. Le lendemain, la pudique jeune femme découvre son double : une allumeuse, une guerrière, une tueuse, prête à accomplir son œuvre de vengeance et de mort.

En quelques trois-cent pages, Jean Vautrin nous assène de nombreuses claques littéraires, la richesse du texte est incroyable. Cette histoire d'une prof qui subit un viol collectif commis par ses élèves aurait pu tomber dans beaucoup de mauvais pièges : le mélo, le sensationnalisme, les facilités. Pas une seule ligne ne m'a semblé de trop dans ce roman, pas un mot qui ne soit à sa place.

Louise B./Louis A. fascine et nous emporte dans un tourbillon d'émotions. Les mots sont âpres, empreints d'une poésie brutale et haletante. Autour de Louise se dessinent des personnages complexes et sombres. Le père d'abord, à la limite de l'inceste, et le silence entre eux qui semble avoir donné à Louise un destin de victime. Lorsqu'elle parle à son père, Lousie monologue avec une violence terrible. Le viol libère sa colère et sa haine de soi, les réveillent alors que depuis toujours la figure paternelle l'avait condamnée à se désamour d'elle-même. Louise ne change pas, elle se révèle, dans une brutalité maladive. A côté du père, central, se tient la mère, effacée, silencieuse, une ombre qui n'a pas su ou pu empêcher sa fille de grandir dans cette atmosphère malsaine. On en vient presque à soutenir Louise dans sa folie, à la comprendre, à l'encourager.

De l'autre côté nous avons Roman, un flic en plein deuil de son épouse bien-aimée. Finalement ce roman est celui des deuils. Deuil de soi-même pour Louise, des apparences pour sa famille, de son mariage pour Roman.

Soyons franc ami lecteur, Le Journal de Louise B. est difficile à lire et d'une violence poétique sans fard. Un coup de cœur pour moi. Les mots de Jean Vautrin m'ont embarquée dans ce voyage au creux de la rage, de la colère et de la haine. Il y a peut-être des défauts dans ce récit, mais je ne les ai pas vu une seconde. Et même après avoir refermé l'ouvrage Louise continue à fasciner, à interroger, à émouvoir. Merci monsieur Vautrin.

 

NOTE GLOBALE : 18 / 20

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