Un Sort si noir et éternel – The Cursebreakers 01 – Brigid Kemmerer

Édition : Rageot

Parution : 2021 pour la traduction française

Genre : young adult, fantasy, aventure (à partir de 16 ans)

Bien que je ne sois pas une grande fan de comédie romantique ou de chick lit, je connais certains clichés. Dont celui de la jeune femme qui est prise d’achat compulsif, généralement pour des chaussures hors de prix ou des fringues de créateur. Je n’aurais pas les moyens de me conformer à ce cliché pourtant je suis, moi aussi, parfois atteinte de cette sorte de mal… Une journée particulièrement difficile ? Il se peut que je me rue dans la librairie la plus proche et succombe pour des bouquins que, sans ma pulsion, je n’aurais sans doute jamais lus. Et encore moins achetés. La lecture qui nous préoccupe aujourd’hui est le fruit d’une de ces crises.

Un soir, dans les rues de Washington, Harper, 17 ans, est témoin d’une tentative d’enlèvement. Faisant fi du danger, la jeune femme, partiellement handicapée, s’interpose. Mais le kidnappeur lâche sa première proie et, après avoir maîtrisé Harper, l’emmène avec lui… 

D’un coup de baguette magique, ou presque, Harper bascule dans un autre monde. Elle découvre un lieu qui a tout du château de conte de fées : orchestre sans musiciens, cuisine enchantée et, bien sûr, prince beau et énigmatique. Prince maudit, en vérité.

Coincé dans un automne éternel, le prince Rhen cherche à débarrasser son peuple d’une créature sanguinaire. C’est pour briser le sort qu’il ordonne au commandant Grey d’enlever des jeunes femmes, saison après saison… Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est lui-même ce monstre assoiffé de sang.

Là, tu vas peut-être te demander, ami-lecteur, pourquoi je n’aurais pas lu Un Sort si noir et éternel sans qu’une après-midi de déprime ne soit passée par là. Ouais, après tout j’aime les trucs YA. Et la fantasy. Sauf que, tu l’auras compris, il s’agit ici d’une sorte de réécriture du conte de la Belle et la Bête. J’ai rien contre les réécriture de conte sauf que j’en ai rarement lu des réussis. J’avais donc peur d’une romance darkromance version édulcorée et interminable puisqu’il s’agit ici d’une trilogie. Bref, mon craquage datait déjà de nombreux mois et je repoussais sans cesse cette lecture.

Je l’avoue, c’est une surprise. Une très bonne surprise même. La première chose que j’ai appréciée c’est le fait que l’héroïne, Harper, soit handicapée et que ce ne soit pas LE sujet du bouquin. Nan, c’est un élément de sa caractérisation, ni plus ni moins. La paralysie cérébrale de Harper n’est ni minimisée ni placée au centre du récit. Bref j’ai glapi de joie.

Ensuite ? La réécriture est très bien maîtrisée, renouvelant le récit de la Belle et la Bête sans pour autant vouloir à tout prix s’en distancier. L’équilibre est maintenu tout au long de l’intrigue.

Oui, Un Sort si noir et éternel est un roman divertissant et sympa, je n’ai pas eu de difficulté à me plonger dans l’univers de madame Kemmerer. Avec tout ça on pourrait s’attendre à une critique dithyrambique. Pourtant quelques aspects font que ce premier opus de la trilogie échappe au vrai coup de cœur. Le plus important, à mon sens, est le manque d’aspect psychologique. Bien que le récit se fasse tour à tour du point de vu de Rhen et de celui de Harper, on n’a pas autant accès à leurs émotions qu’on pourrait l’espérer. Et si je les ai trouvés attachants, je n’ai pas été aussi touchée que je l’aurais voulu. Pour finir, j’ai trouvé que l’intrigue semblait un peu rapide à certains passages. Voir alambiquée. Sauf que ce reproche là je le fais du bout des lèvres puisqu’il me manque une vue d’ensemble sur la trilogie. Peut-être qu’après l’avoir terminée, je me rendrais compte que l’autrice m’a juste menée là où elle voulait.

Une chose est certaine, les achats compulsifs nous offrent parfois de chouettes opportunités !

Note Globale : 14 / 20