Sorcières, la puissance invaincue des femmes – Mona Chollet

 Peut-être que tu le sais ami-lecteur mais en 2021 j’ai commencé un challenge sur CulturoVoraces… Un challenge cinéma… Il faut dire que les challenge bouquins sont compliqués pour moi, en général je ne parviens pas à aller au bout. M’enfin, tu m’connais, je n’aime pas l’échec… Me revoici donc avec un nouveau challenge, que j’ai décidé d’intituler Question de genre. Il s’agit simplement de lire des essais autour des questions du féminisme et/ou de celles du genre,… Un bouquin par mois, ni plus ni moins. Pourquoi cette thématique ? Comme souvent, je vais devoir me dévoiler pour te l’expliquer ami-lecteur.

Longtemps le mouvement féminisme m’a indifférée, comme certaines femmes de ma génération, j’imaginais qu’en France, l’égalité était plus ou moins atteinte. Surtout, j’avais entendu, durant ma jeunesse, quelques discours de militantes qui m’avaient heurtée, qui m’avait donné l’impression que je ne POUVAIS pas me réclamer du combat féministe en raison de certains de mes choix personnels. Bref je n’avais pas réfléchi plus de cinq minutes à la question.

C’est la nouvelle génération, des femmes de 30, 20 ou 15 ans, qui m’a ouvert les yeux. Alors j’ai commencé à essayer de déconstruire certaines de mes croyances, j’ai compris aussi que j’avais intériorisé pas mal de concepts issus du patriarcat. Ce nouveau regard sur le féminisme et cette lente prise de conscience sont importants pour moi. Alors je me suis dit qu’il était temps de confirmer ma démarche en me plongeant dans des lectures en lien…

Édition : Zones

Parution : Septembre 2018

Genre : Essai / féminisme

Comme j’avais déjà lu Beauté Fatale de Mona Chollet et que l’ouvrage a participé à mon réveil, j’ai pensé que commencer ce challenge par un autre livre de cette dernière était une manière de revenir aux sources de ma trajectoire…

Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.

Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?

Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante –; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant –; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur.
Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

Bon, bon, bon… Par où commencer ? La première chose que je relève pour les essais que je chronique, ce sont les sources. Est-ce que l’auteur(e) se réfère à d’autres ouvrages ? À des études ? Et si oui est-ce qu’iel source systématiquement ? Sincèrement c’est primordial, surtout lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un essai qui aborde des sujets sociétaux. Je dois dire que c’est une des choses qui font de Mona Chollet une journaliste que j’apprécie… Non seulement Sorcières est truffé de références mais chacune d’elle est nantie d’une note pour la sourcer. Au-delà de la question du respects des œuvres d’autrui, cela offre au lecteur la possibilité de compléter ses connaissances en allant piocher dans les bouquins cités.

Bien entendu cela ne suffit pas à faire d’un essai un ouvrage qui marque les esprits alors tu dois te demander, ami-lecteur, quand est-ce que je vais enfin parler du fond de Sorcières.

La lecture du livre de Mona Chollet a été une farandole de claques. De bonnes claques hein… De celles qui te font réfléchir, qui t’indignent, qui te poussent à remettre en cause certains de tes préjugés, quelques unes de tes ignorances, qui t’offrent la possibilité de grandir. En ne se positionnant jamais dans le rôle de CELLE QUI SAIT mais en admettant ses propres résistances, ses propres contradictions et ses propres difficultés, Mona Chollet nous permet d’aller loin dans notre propre remise en question.

Moi qui pensais connaître à peu près les chasses aux sorcières, d’un point de vu historique, j’ai compris combien j’en savais peu et, avant tout, à quel point je prenais ces tragédies comme un détail de l’histoire. Bien entendu ce n’est qu’un point de départ puisque cet essai aborde ce qu’il reste de la figure de la sorcière dans notre monde contemporain. Alors que je viens d’avoir quarante ans, je dois bien avouer que toute la partie sur l’image de la femme âgée m’a passionnée.

Sorcières est un livre puissant et précieux qui, je pense, m’a permis de prendre réellement conscience de l’importance de la cause féministe. Enfin, Mona Chollet a le talent de la nuance et cela rend son travail primordiale dans ce monde où les réseaux sociaux nous donnent trop souvent des débats qui en manquent cruellement.

Bref à lire, à relire et à recommander !

Note Globale : 19 / 20

Comments

[Fallenangel]

Merci pour ce conseil de lecture, et oui, le féminisme revient 'à la mode' enfin, c'est surtout parce que le monde qui nous entoure nous rappelle que les droits des femmes sont très et/ou trop fragile, et que nous devons rester vigilante à nos acquis et de ce fait continuer 'la bataille'. Un film qui m'a récemment interpellé, c'est un film français, 'flashback' qui retrace l'histoire du féminisme, dont les sorcières et qui démontrent aux femmes que beaucoup de leurs droits sont très récents et qu'il reste un long chemin à parcourir.