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Édition : Bragelonne

Parution : mai 2020

Genre : nouvelle, fantastique

 

Quiconque s’intéresse un tant soit peu à la littérature et à la pop-culture connaît Lovecraft, s’il ne l’a pas lu du moins a-t-il conscience de la place du Maître de Providence… Je n’ai lu que peu de chose de ce monsieur et j’avais dévoré les deux nouvelles en question sans les savourer. Entre deux romans, j’ai eu donc l’envie de revenir à monsieur Lovecraft mais, cette fois, en prenant mon temps. Et surtout, ami-lecteur, de revenir ensuite t’en parler. Pour se faire, j’ai choisi L’Appel de Cthulhu

Boston, 1926. Suite au décès, dans des circonstances étranges, de son grand-oncle, Francis Thurston découvre dans les documents dont il hérite l'existence d'une secte vouant un culte à une créature innommable, endormie depuis des millions d'années.

Sacrifices indicibles pratiqués dans les bayous de Louisiane, meurtres mystérieux perpétrés dans divers endroits du globe, artistes sombrant dans la démence après des visions nocturnes terrifiantes, renaissance de cultes ancestraux et surtout, une cité cyclopéenne surgissant de l'océan lors d'une tempête... Thurston va comprendre peu à peu que les recherches de son grand-oncle concernant le culte de Cthulhu étaient bien trop proches de la vérité et que, dans l'ombre, des adeptes œuvrent au réveil de leur dieu païen, prêts à faire déferler la folie et la destruction sur le monde.

Les astres sont alignés. La fin est-elle proche ?

La figure monstrueuse nommée Cthulhu est devenue beaucoup plus que l’élément présent dans l’œuvre d’un auteur. Pourtant, au départ, rien ne prédestinait cette nouvelle à marquer l’art. Publiée en février 1928 dans Weird Tales un pulp magazine, publications peu coûteuses de l’époque qui offraient des nouvelles le plus souvent fantastiques ou de fantasy. Lovecraft aura même un peu de mal à faire accepter L’Appel de Cthulhu… Et pourtant le mythe de Cthulhu est né, réunissant de multiples œuvres de nature différentes… Pour te parler de la nouvelle de Lovecraft, il me faut toutefois mettre tout cela de côté pour revenir au texte, indépendamment de ce mythe…

Cette nouvelle d’un peu moins de 80 pages ne présente pas d’élément narratif inédit, comme l’utilisation de documents épars et pourtant… Pourtant le récit est frappant... Grâce à la plume si particulière de Lovecraft, mélange de réalisme adroit qui permet aux faits de paraître vraiment crédibles et d’une dimension poétique, avec quelques envolées lyriques bien dosées. L’horreur est subtile, elle s’impose sans qu’on n'y prenne garde, avec intelligence. Bien sûr, le style suranné, déjà à l’époque de sa publication, peut rebuter certains… Personnellement, j’ai trouvé que cette « patine » me permettait une évasion encore plus lointaine. Si l’Appel de Cthulhu peut décevoir les lecteurs à la recherche d’horreur, j’ai surtout aimé suivre les pensées et réactions du narrateur qui, malgré son pragmatisme, finira par ne plus avoir d’autre choix que d’admettre la réalité de l’impossible et qui regrettera son ignorance. Ignorance qui le protégeait…

Une nouvelle accessible dont le récit est habilement mené et servi par une plume unique, un peu vieillotte mais dont la poésie reste pleine de charme.

Je terminerai ce court article avec la litanie du culte de Cthulhu : Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn...

 

Note Globale : 15 / 20