La Digue – Blackwater 02 – Michael McDowell
Édition : Monsieur Toussaint Louverture
Parution : 22 avril 2022
Genre : Fantastique, historique, saga familiale
Ce qui est merveilleux dans le partenariat concernant Blackwater c’est que j’ai eu le plaisir de recevoir les deux premiers opus en même temps. Merveilleux parce que j’ai adoré La Crue. J’imagine que si je n’avais pas aimé ma lecture, devoir me plonger dans la suite aurait été une épreuve. Bien entendu, comme je l’avais évoqué dans ma critique sur le tome un, mes attentes étaient très élevées, j’avais hâte de plonger dans La Digue tout en redoutant une déception :
Tandis que la ville se remet à peine d’une crue dévastatrice, le chantier d’une digue censée la protéger charrie son lot de conséquences : main d’œuvre incontrôlable, courants capricieux, disparitions inquiétantes. Pendant ce temps, dans le clan Caskey, Mary-Love, la matriarche, voit ses machinations se heurter à celles d’Elinor, son étrange belle-fille, mais la lutte ne fait que commencer. Manigances, alliances contre-nature, sacrifices, tout est permis. À Perdido, les mutations seront profondes, et les conséquences, irréversibles.
Nous reprenons le récit là où on l’avait arrêté. Pour le moment, Blackwater est un récit en plusieurs épisodes plus qu’une saga. En fait le découpage et la construction a quelque chose de scénaristique… Oui, l’œuvre ressemble beaucoup à une série : narration rapide et découpée en courts chapitres, personnages forts, atmosphère très visuelle… Sans doute que cette dimension prend sa source dans le fait que l’auteur, Michael McDowell, était aussi scénariste. Ainsi c’est lui qui a écrit l’histoire et le scénario du film Beetlejuice de Tim Burton. Heureusement cet aspect visuel et scénaristique se met au service du roman et ne prend jamais le pas sur le reste. Ainsi la temporalité très longue du récit – le début de La Crue prend place à Pâques 1919 alors que le deuxième tome se clôt plusieurs années après 1924 – serait difficile à traiter dans une série ou, pire, un film car les évènements s’étalent et prennent sens sur des années. Ce qui se passe dans le premier tome influence la suite…
L’horreur est plus présente dans La Digue, avec une scène qui m’a particulièrement frappée. En fait j’ai plusieurs fois pensé au génial Cent Ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Déjà parce que ce roman met en scène une famille mais aussi, et surtout, ce merveilleux qui surgit dans le réalisme. Blackwater nous présente le surnaturel de la même façon : comme un phénomène presque logique au sein d’une vie banale. L’horreur nous choque justement parce qu’il frappe auprès de personnages dans un quotidien qu’on comprend. Enfin, la figure d’Elinor reste fascinante : on l’aime et on la craint, elle est belle et terrifiante. Pourtant, malgré le mystère qui l’entoure, ce n’est pas la seule femme angoissante du roman. Mary-Love, la matriarche de la famille, se révèle de plus en plus malsaine au fil des pages. Et la monstruosité n’attend pas le surnaturel pour nous heurter…
La lecture de La Digue aura été une réussite, un récit divertissant et efficace qui nous accompagne même lorsqu’on a fermé l’ouvrage. Après tout cela, une seule question me taraude ami-lecteur, comment diable vais-je tenir jusqu’au 5 mai ? Date de parution du troisième tome…
Note Globale : 17 / 20