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Les Voraces
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11 novembre 2021

Paroles de Poilus – Jean-Pierre Guéno

paroles

Édition : Librio

Collection : Document

Parution : 2012 pour la présente édition

Genre : Document, Histoire

 

En général mes lectures – et donc mes billets ici – ne suivent aucune logique, ne respectent aucun calendrier, car j’aime me laisser porter par mes envies. Sauf qu’au moment de choisir le bouquin chroniqué aujourd’hui, j’ai eu envie de rester cohérente avec la date, celle du 11 novembre, férié pour commémorer l’armistice de 1918. Au début j’ai pensé me tourner vers un des classiques qui nous racontent la Grande Guerre, récits vrais mais romancés. Puis je me suis dit que l’hommage le plus « pur » restait de lire la correspondance des soldats. Sans filtre, sans le tamis de la dramaturgie :

Août 1914 : les soldats partent sous les fleurs et les encouragements du peuple français. L'heure est grave, mais chacun veut défendre son pays et en découdre avec les "Boches". Peu de temps après commence la guerre des tranchées, qui plonge les hommes dans l'enfer de la boue, des rats, de l'angoisse et de la mort. Sur les huit millions de poilus mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions ne reverront pas leur village natal. Plus de quatre millions souffrent de graves blessures, pour la plupart irréversibles. Mais, au-delà des séquelles physiques, ils sont à jamais marqués par l'horreur de cette guerre. Huit décennies plus tard, suite à l'appel de Radio France, des milliers de personnes envoyèrent les lettres de poilus conservées par leurs familles. Cet ouvrage en présente une centaine, qui n'ont pas vieilli. Ces mots déchirants incitent les nouvelles générations au devoir de mémoire, au devoir de vigilance et à l'humanité.

Il est toujours délicat de critiquer un tel ouvrage puisqu’il s’agit de lettres et extraits de carnets rédigés sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Il ne s’agit bien entendu pas de juger de la plume des poilus mais de parler de la pertinence de cette lecture ainsi que de la manière dont ces documents sont mis en avant, introduits et « ordonnés ».

J’avoue qu’après ma lecture, et un temps de réflexion, je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi monsieur Guéno a choisi de classer les lettres et extraits par saison et non par chronologie. Cela manque singulièrement de cohérence… Malgré une introduction qui tente de justifier cette disposition, je trouve cela dommage. Est-ce que Jean-Pierre Guéno avait besoin de justifier la présence de son nom sur la couverture en écrivant pour chaque saison un préambule qui, franchement, n’apporte rien à l’ouvrage ? En tout cas cela m’a irritée et ces passages ont surtout ressemblé à des perturbations dans ma plongée dans les tranchées.

Heureusement, les lettres – donc leur choix – rattrapent tout cela et rend, à mon sens, la lecture de Paroles de Poilus presque indispensable à quiconque s’intéresse à cette saleté de guerre. Chacune de ses lettres, chaque extrait de journal, chaque destin brièvement évoqué, nous permet de mieux appréhender l’horreur de la Grande Guerre. Surtout que la présence de missives de soldats allemands nous rappelle à quel point le conflit fut absurde. Si toutes les lettres m’ont émue et intéressée, j’avoue que le passage le plus violent pour moi a été celui qui nous présente les adieux des fusillés de Vingré, ces six hommes injustement condamnés à mort. Le terme « injustement » est double ici, car non seulement je ne comprends pas comment on peut juger un homme parce qu’il ne veut pas mourir mais parce que pour cette affaire-là, ces soldats s’étaient contentés de suivre les ordres.

Une lecture utile donc pour comprendre un pan de notre Histoire mais aussi une lecture humaniste qui nous donne à voir comment la poésie, la beauté et la vie peuvent surgir dans la boue, la crasse et l’odeur de la mort.

Note Globale : 14 / 20

 

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