Comme je l’ai déjà précisé dans un ou deux articles du challenge « Ça nous rajeunit pas », j’essaie au fil du temps de proposer des œuvres un tant soit peu variées. Ce n’est pas toujours facile puisque je ne veux pas m’imposer des films que je n’ai pas envie de découvrir. Bah oui, Culturovoraces existe avant-tout pour le plaisir hein, pas pour que ça devienne un second boulot à mi-temps ! Pour l’année 2015, celle qui nous concerne aujourd’hui, j’avoue avoir pas mal cherché avant de dénicher la perle rare…
Pays : USA
Sortie : 14 octobre 2015
Réalisateur : Guillermo del Toro
Genre : Épouvante-horreur, romance, drame
Durée : 1h59
Pour le moment mes choix étaient motivés par la bande-annonce ou par un proche... Ici, c’est le réalisateur qui a joué le premier rôle dans ma décision de visionner Crimson Peak. Loin d’être une spécialiste de cet artiste j’avais pourtant beaucoup aimé Pacific Rim et La Forme de l’Eau. Au lieu de me renseigner un peu sur le film j’ai négligemment lu que c’était une romance gothique, un hommage à la littérature de la même veine et je me suis empressée de décider que je devais absolument le voir. Sans vraiment savoir de quoi il était question !
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre son affection pour Alan McMichael, son ami d’enfance et sa fasciation pour le mystérieux Thomas Sharp.
Bon, bon, bon… C’est le moment de rappeler sur moi une vérité un brin gênante : je suis une trouillarde. Je ne plaisante pas, je n’exagère pas, je suis une vraie trouillarde. Je suis une spectatrice docile, dans le sens où, quand je me trouve devant l’écran, je me plonge à fond dans le film en question. Je pleure souvent, je m’indigne parfois et, hélas, j’ai peur... Pas de la peur d’opérette, non j’veux dire par là que je sursaute comme si je sautais sur une mine, que les battements de mon cœur s’emballent et que je cherche du coin de l’œil le monstre qui pourrait se tenir chez moi en embuscade. Pourtant ami-lecteur, je ne suis pas sensible au gore. Un film avec des litres de sang ? Je continue de déguster sans frémir ma platée de spaghettis bolognaise. Par contre, offre-moi une ambiance effrayante, avec musique qui fonctionne et ombres mouvantes et je suis incapable de ne pas flipper. Or je ne SAVAIS PAS que Crimson Peak était vraiment un truc d’épouvante. J’imaginais un hommage fantastique avec une maison pleine de secrets à la Jane Eyre . Sauf que je me fourvoyais. Même que dès les premières minutes j’ai compris mon erreur :
Pourtant, malgré mon trouillomètre fichtrement impliqué, rassure-toi ami-lecteur, j’ai été capable de garder mes neurones plus ou moins actifs, histoire de te livrer mon avis sur Crimson Peak.
Le film de Guillermo del Toro est un petit bijou, certes loin d’être imparfait, mais qui combine suffisamment de belles qualités pour ne pas me décevoir. Comme toujours tout est élaboré dans le moindre élément : une réalisation soignée, un décor de malade, bref du visuel tellement beau que tu as envie de faire une centaine de captures d’écran. Le réalisateur est tellement obsédé du détail qu’il s’est, semble-t-il, amusé à dissimuler le mot fear (peur) dans le décor.
À côté de ça, la distribution est plus que brillante même si l’actrice qui incarne l’héroïne, Mia Wasikowska ne m’a pas particulièrement marquée.
Comme toujours Jessica Chastain nous livre une prestation impeccable dans le rôle de la belle-sœur flippante :
Enfin, j’ai fini par découvrir l’acteur qui obsède un tantinet Ema, Tom Hiddleston, qui campe le fameux Loki des Avengers. C’est qu’il est fort charismatique le bougre. Du coup, moi qui ne suit pas sensible à l’univers Marvel, ça m’a donné envie de regarder les films. Ouais je suis faible.
Crimson Peak se révèle être un très chouette hommage au gothique et tout, même la musique sublime, soutient cet aspect. J’ai pourtant, plus haut dans ma bafouille, évoqué quelques défauts car oui, si le film de del Toro obtient une très bonne note, je suis loin toutefois de crier au chef d’œuvre comme certains. Si le récit n’est pas froid, il lui manque quand même la capacité à nous émouvoir. On admire la photographie travaillée, on apprécie le jeu impressionnant des acteurs, on se laisse emporter par l’ambiance gothique et glauque mais pas une fois je ne me suis véritablement attendrie pour les personnages. Peut-être parce que ce film finit par ressembler à une œuvre académique, impeccable dans sa mise en œuvre mais si pensée, si minutieusement conçue qu’il frôle le mécanique.
Enfin, parlons rapidement du scénario, en essayant de ne rien dévoiler de l’intrigue… Je me demande si Guillermo del Toro ne s’est pas accroché à cette idée de gros clin d’oeil à tout un genre et ce au détriment de ce qui devrait être la première caractéristique d’un fil – à mon avis - : raconter une histoire. Ici tous les ingrédients de l’hommage au gothique sont réunis et le scénario se contente de les lier ensemble. Et si la fin ne manque pas de panache, elle manque pour sûr d’originalité. Del Toro rend hommage mais, en chemin, il semble oublier qu’il doit avant tout nous raconter une histoire qui devrait pouvoir exister en dehors de références littéraires et cinématographiques.
Ma note : 16,5 / 20