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Les Voraces
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1 juin 2021

Challenge « Ça nous rajeunit pas », année 2017 – A Ghost Story

 

        Il semblerait bien, ami-lecteur, que malgré mes protestations, je sois, comme ma collègue Ema, une plieuse de culottes dans l’âme. Peut-être le sais-tu déjà mais lors de mon dernier article estampillé challenge « Ça nous rajeunit pas », j’ai commis une petite bourde. Alors que je pensais avoir choisi un film de 2017, je découvrais, lors de la rédaction de mon article, qu’il était de 2018. Oups… Je pensais sincèrement assumer mon erreur jusqu’au bout en décidant de ne pas m’empresser de dénicher un film de 2017. Mais on ne se refait pas…

A-Ghost-Story

Pays : États-Unis

Sortie  : décembre 2017

Réalisateur : David Lowery

Genre : Drame, fantastique

Durée : 1h32

 

       Le synopsis de A Ghost Story est d’une simplicité effarante :

Un homme décède dans un accident de voiture juste devant chez lui. Il revient dans sa maison, affublé d'un drap blanc, pour revoir sa femme. Il hante alors sa maison et voit le monde changer autour de lui.

       Sincèrement, A ghost Story m’a d’abord attirée à cause du fantôme qui figure sur l’affiche. Je veux dire… quoi ?! Un acteur planqué sous un drap, sérieusement ? Puis voyant à quel point le film partage avec des avis dithyrambiques ou qui le qualifient carrément de navet, j’ai pensé que je devais absolument le voir, histoire de savoir où je me situe dans tout cela…

       Nous avons donc Casey Affleck, marié, qui meurt. C’est le point de départ car le mec sous le drap, c’est lui. Et nous voilà embarqué pour 1h30 de temps qui passe. Qu’en est-il au terme de mon visionnage ? Génial ou prétentieux ? Fascinant ou ennuyeux ? Poétique ou facile ? La réponse va être agaçante, tout cela à la fois !

      Oui, A Ghost Story est un brin prétentieux. Tu sens bien le réal qui veut faire un film profond : et vas-y que je multiplie les plans longs, et vas-y que je joue à fond sur la lumière, et vas-y que je prends mon temps pour bien montrer que je maîtrise le truc. Sauf que… Sauf que le réalisateur assume et va au bout de sa masturbation visuelle et intellectuelle. Prétentieux mais génial car A Ghost Story semble n’avoir qu’un seul but, construire une atmosphère de nostalgie douloureuse. Le fantôme est hors du temps et David Lowery parvient à nous y emmener avec lui.

       Fascinant ou ennuyeux ? Encore une fois, les deux. Oui ami-lecteur, A Ghost Story est un peu chiant. C’est curieux parce qu’il m’a fait penser à Madame Bovary qui fait vivre au lecteur l’expérience de l’ennuie pour permettre à son personnage de prendre toute sa mesure. J’avais détesté le roman de Flaubert, j’aurais donc dû détester A Ghost Story. Sauf que je me suis laissée prendre. Je crois que pour aimer le film de Lowery il faut parvenir à se laisser complètement aller, à lâcher prise. Sans réfléchir. Et oui… Pour profiter de cette œuvre d’intello un peu prétentieuse, il fait laisser son intellect au placard. Cela signifie se coltiner des plans vraiment longs, comme une dégustation de tarte de 5 minutes qui en paraissent dix. Je suis incapable de comprendre comment le film m’a happée et comment je ne me suis pas complètement fait chier mais j’ai été comme un insecte pris dans la toile visuelle de Lowery. C’est lent, c’est touchant, c’est à la fois hyper gros et d’une subtilité folle. Je crois qu’on ne peut que détester ou adorer, mourir d’ennui ou se sentir étrangement en phase avec ce fantôme pourtant un peu ridicule sous son drap tout pourri de château hanté de carnaval.

GS1

       Poétique ou facile ? Encore et toujours les deux… Je crois que David Lowerel est surtout doué dans le silence, c’est à dire dans la capacité à faire parler les plans et le montage. Dès que le film devient bavard j’ai eu tendance à lever les yeux au ciel. Il y a dans A Ghost Story un monologue que j’ai trouvé en trop. Le fantôme se retrouve à assister à une soirée où un philosophe de comptoir nous sert une tirade imbuvable à la portée symbolique que j’ai trouvé franchement risible. Ce qui est bon, à mon sens, dans A Ghost Story, ce n’est pas les dialogues, ni l’action puisqu’il ne se passe rien, c’est encore moins sa signification ou ses réflexions. Non, le film est bon si on le prend comme une expérience de rapport au temps, de sensations.

       Je me suis laissée prendre et j’ai été incapable de ne pas aller au bout du film de Lowery. Quand A Ghost Story s’est achevé, je suis restée un peu conne sur mon canapé, à me dire : mais pourquoi j’ai aimé ce truc ? Comment j’ai pu ne pas lâcher l’affaire au premier symptôme d’ennui ? Et pourtant je suis restée émue un moment. Jusqu’à ce que j’essaie de comprendre ce que A Ghost Story cherche à nous dire. Au fil de mes réflexions les défauts du film semblaient de plus en plus présents dans mon esprit. Et j’ai compris qu’il ne fallait pas penser, que se laisser porter était tout le principe.

GS2

       A Ghost Story est donc une expérience à tenter mais que je ne peux pas vraiment vous conseiller. Je comprends les critiques acerbes autant que les éloges qu’il a provoquées. Pourtant, malgré mon incompréhension face à mes propres réactions, cela a été, pour moi, un moment comme suspendu dans le temps, entre une poétique de l’ennui et une nostalgie au bord des larmes.

 

Ma note : euh… 15 / 20 ?

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