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Les Voraces
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19 juin 2020

Le vendredi c'est culture pourrie : deuil, bled paumé et Guiness

 

café de merde

 

    Quand je me suis plongée dans ce livre, je n'en attendais pas grand chose. Je pensais simplement passer un moment sympathique sans me prendre la tête et m'évader un peu sur les côtes irlandaises. Sauf que plus j'avançais dans ma lecture, plus je me disais que m'arracher les poils du nez un par un serait plus divertissant. Et j'exagère à peine.

     Laisse moi déjà te planter le décor. Diane et son mari Colin vivent heureux à Paris avec leur fille Clara. Alors que la petite famille se prépare à partir en vacances, le père et la fille partent en voiture faire on ne sait quoi, et là PAF ! le camion. Ils meurent tous les deux dès le premier paragraphe. Ah ! Ça ne commence pas très bien cette histoire quand même. Diane se laisse alors sombrer et survit plus qu'elle ne vit. Normal.

     On retrouve notre héroïne un an après, vautrée sur son canapé en train de fumer des clopes. Arrive alors son meilleur ami et associé Félix, qui lui rend visite tous les jours pour lui faire son ménage et essayer de la rebooster un peu -si tu sais pas quoi faire j'ai du linge à repasser-. Sauf qu'aujourd'hui, son ami n'est pas venu jouer les Tony Micelli. Nan, il est venu chercher Diane pour aller à la cérémonie commémorative de Colin et Clara. Mais la jeune femme refuse d'y aller, se met à pleurer et quand Félix essaye de la convaincre gentiment, elle l'envoie chier et part en courant dans sa chambre. Oui comme une ado. Le soir, son ami revient, bien décidé à la sortir de sa dépression et lui propose de fermer leur café littéraire pour partir en vacances tous les deux. Sympa comme idée, seulement la jeune veuve préfère se complaire dans la douleur en mode personne ne comprend que je suis malheureuse, laissez-moi vivre dans le passé et mourir en paix. Elle rumine donc son désespoir seule, en buvant une des bières de son mari trouvée au fond du placard. Bière qui lui rappelle leur premier baiser, puis le souhait de Colin de partir quelques jours en Irlande. Et c'est à ce moment qu'elle a LA révélation foireuse du siècle ! Elle va partir habiter un bled paumé d'Irlande. Ouais, tout ça pour échapper à des vacances au soleil avec son meilleur ami gay. Un peu radical quand même.

     Ni une ni deux, elle choppe un atlas afin de choisir sa destination : « Comment choisir sa tombe à ciel ouvert ? Quel endroit pourrait m'apporter la paix et la tranquillité nécessaires pour être en tête à tête avec Colin et Clara ? ». Putain mais fais ton testament, lègue tout à Félix et avale de la mort aux rats que mon calvaire se finisse ! Mais non, au lieu de ça, elle ferme les yeux et pose son doigt au hasard sur la carte -c'est le jeu ma pauvre Lucette !-. C'est décidé, elle ira finir ses jours à Mulranny. Trois jours plus tard elle annonce sa décision à Félix en lui faisant croire qu'elle part pour aller mieux. Bon, je t'épargne tous les flash back chiants sur sa vie d'avant, à quel point elle était heureuse et comme Colin était l'homme idéal juste parce qu'il prenait tout en main et qu'elle n'avait besoin de s'occuper de rien. Passons directement au départ de Diane. La veille, elle appelle ses parents pour leur annoncer qu'elle est prête à partir, ce à quoi son père tendre et aimant lui répond : « Tu n'as jamais rien su faire toute seule. Tu as besoin de quelqu'un pour te guider, tu es incapable de mener un projet à terme. Alors franchement, partir à l'étranger est largement au-dessus de tes possibilités. ». Ah... Merci papa ? Elle part donc en Irlande le lendemain le cœur léger -ou pas-.

     Arrivée dans son cottage de location, elle fait la connaissance d'Abby, sa propriétaire. Là tu vas me dire que ça sent le cliché de la femme plus âgée qui va se prendre d'affection pour Diane. Et tu auras raison, mais notre héroïne ne l'entend pas de cette oreille : « L'accueil de ma propriétaire me rendait perplexe. Elle semblait attendre une relation privilégiée, ce n'était pas prévu au programme. J'allais repousser au maximum son invitation, je n'étais pas là pour tenir compagnie à un couple de personnes âgées, je ne voulais faire connaissance avec personne. » C'est vrai, pour qui elle se prend à être sympa avec sa locataire celle-là ? Et en plus elle lui a rempli le frigo et les placards ! Une vraie connasse ! Elle n'échappera tout de même pas à un café chez Abby, où elle finit par passer un agréable moment. Alors qu'elle allait repartir, elle découvre que le cottage à côté du sien n'est en réalité pas habité par le gentil couple, mais par leur neveu, qui fait son entrée à bord d'un gros 4x4. Et dès le premier regard Diane va le détester : « Avec son visage dur et son air dédaigneux, il ne m'inspirait aucune sympathie. Plus je le regardais, plus je le trouvais imbuvable. Il ne souriait pas. Il transpirait l'arrogance. Le genre à passer des heures dans la salle de bain à travailler son look d'aventurier négligé. Il se le jouait intouchable. » Et elle déduit tout ça sans même lui parler. Trop forte ! Edward -le neveu hein, pas le vampire boule à facettes- de son côté, ne va pas être ravi d'avoir une voisine et l'envoie directement promener en lui disant de ne pas venir sonner chez lui. Ils vont alors commencer à s'engueuler absolument chaque fois qu'ils se croisent -tu sens venir l’histoire d'amûûûûr?- Et comment dire ? Leurs « échanges » dignes de la cour de récré -et encore- m'ont tellement fait soupirer que j'en ai frôlé l'hyperventilation. Par exemple, un jour où Diane écoute de la musique à fond en dansant, Edward vient frapper chez elle, légèrement énervé en lui demandant de « baisser sa musique de merde ». S'ensuit une conversation digne de Sharon et le voisin rustre lui dit de baisser le son car ça fait vibrer sa chambre noire -ouais il est photographe, c'est un artiste, pour ça qu'il est torturé et pas agréable- :

« - Tu es vraiment photographe ?

-Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- Oh, rien. Mais qu'est-ce que tu dois être mauvais.

Si j'avais été un homme, il m'en aurait collé une. Je poursuivis.

- La photo est un art, ce qui requiert un minimum de sensibilité. Or, tu en es totalement dépourvu. Conclusion, tu n'es pas fait pour ce métier. Bon écoute, j'ai pris beaucoup de plaisir à discuter avec toi... non, je plaisante, alors excuse-moi, j'ai mieux à faire. »

Après quoi elle met le son à fond et danse, toute contente d'elle. Mais elle n'en reste pas là et se dit qu'Edward doit être le genre à aller boire un verre pour se calmer. Elle décide donc d'aller au pub du village -dans le genre fouille merde on ne fait pas mieux- et bingo ! Le voisin est là. Elle le nargue en le défiant du regard et il finit par s'en aller. Seulement ce petit fourbe l'attend dehors :

« - Tu m'as fait gâcher une pellicule entière aujourd'hui, alors ne me parle pas de mon travail. Tu ne dois même pas savoir ce que c'est, le travail.

Sans me laisser le temps de répondre, il enchaîna.

- Je n'ai pas besoin de te connaître pour savoir que tu ne fais rien de tes journées. Tu n'as pas une famille ou des amis qui t'attendent ailleurs ?

La peur me fit bafouiller, il avait repris le contrôle.

- Non, évidemment ! Qui voudrait de toi ? Tu es sans intérêt. Tu as bien dû avoir un mec, mais il est mort d'ennui... »

    Bien entendu elle le gifle, ils s'engueulent encore et elle s'en va. Puis elle se bourre la gueule parce que c'est bientôt l'anniversaire de sa fille morte -ok on ferait sûrement tous pareil-. Après avoir vomi ses tripes et s'être douchée, elle décide d'aller sur la plage : « Je voulais m'endormir, pour toujours, peu importe où j'étais. Ma place était auprès de Colin et Clara. J'avais trouvé un bel endroit pour les rejoindre. J'étais perdue entre le rêve et la réalité. La conscience m'abandonnait petit à petit, mes membres s'engourdissaient, je m'enfonçais doucement. » Bordel même quand elle se laisse mourir elle est chiante ! On dirait Madame Bovary. Heureusement son voisin la voit, la sauve et l'emmène chez lui où il prend soin d'elle. Il la déshabille et la met au lit sans même en profiter. Quel con gentleman ! Le lendemain, il lui prépare un petit déjeuner, lui paye une clope et la fout dehors, puis plus tard il lui demande de garder son chien parce qu'il doit s'absenter pour le travail. Vu qu'il lui a quand même sauvé la vie elle accepte et se retrouve dog sitter pendant trois semaines. Un jour qu'elle promène le toutou sur la plage, il se fait la malle mais heureusement elle le retrouve en compagnie d'une jeune fille qui n'est autre que Judith, la petite sœur d'Edward -ooooh!-. Bien entendu elle n'a rien à voir avec son frère et elle devient copine avec Diane. Elle lui apprend que leurs parents sont morts quand ils étaient petits et qu'ils ont été élevés par Abby et Jack -les propriétaires du début, tu te rappelles?-, que son frère n'est pas aussi méchant qu'il n'en a l'air. Ouais le genre je suis un connard homme, et j'ai des blessures quoi.

     Le temps passe tranquillement et les fêtes de fin d'année approchent. Diane refuse d'aller chez ses parents et de son côté Félix part chasser du mâle en Grèce. Elle se retrouve donc seule et déprimée, mais décline tout de même l'invitation d'Abby pour Noël. Judith, décidée à changer les idées de sa nouvelle copine, l'invite à sa soirée du nouvel an, qu'elle organise tous les ans au pub. Un peu coincée, Diane accepte. Bien entendu Edward est là, il lui balance quelques réflexions pourries et elle broie du noir, jusqu'à ce qu'arrive Félix. Et là elle se lâche, elle fait la fête comme avant, elle danse, elle rit, elle picole, bref elle passe une bonne soirée, même si elle finit encore par s'embrouiller avec son voisin, ce qui va carrément finir en baston entre Edward et Félix. Quand elle finira par décuver elle va s’apercevoir qu'elle a perdu son alliance qu'elle portait autour du cou. Elle part alors la chercher au pub où tout le monde l'aide, et elle finit par expliquer à Judith et sa famille que son mari et sa fille sont décédés. Grosse séquence émotion -non-. Finalement c'est son voisin préféré qui lui rapporte l'alliance qu'il a retrouvé devant chez lui, elle lui fait un câlin, ils sont gênés mais au moins ils ferment leurs gueules. Tu le vois venir, ils vont apprendre à se connaître et sympathiser, si bien qu'il l'invite à venir avec lui lors de son prochain déplacement professionnel. Ouais, deux jours avant ils avaient envie de s'étrangler mutuellement et maintenant ils se font un petit voyage sur une île. Comme c'est chiant charmant ! Et devine quoi ? Ils vont s'embrasser ! Oh on ne l'avait tellement pas vu arriver, je suis choquée !

     De retour chez eux, Edward invite sa voisine à passer la soirée chez lui et bien entendu elle accepte. Elle se fait toute belle, et bien qu'ils soient tout les deux un peu gênés, ils finissent par se sauter dessus. MAIS ! Alors qu'ils sont en pleine séance de touche pipi, quelqu'un arrive. Tu devines ? Non ? Et bien c'est Megan, pétasse de son état, qui se présente à Diane comme la femme d'Edward -pitié tuez-moi ! Ce roman ne va jamais finir ou quoi ?- Évidemment notre héroïne s'en va légèrement en colère. Plusieurs jours passent et Diane décide de rentrer en France, mais Judith passe la voir et lui apprend qu'en réalité Megan n'est pas du tout mariée à son frère et qu'ils sont séparés, et elle va la pousser à se battre pour l'amour d'Edward. Commence alors une rivalité entre les deux prétendantes, aussi passionnante qu'un épisode des chtits à Mykonos. Certainement saoulé par ces deux godiches, le jeune premier décide de partir quelques jours pour prendre du recul, laissant Diane ruminer pendant une bonne semaine.

     Quand enfin Edward réapparaît, c'est pour annoncer à sa voisine qu'il veut être avec elle, qu'il veut recommencer à zéro et qu'il l'aime toussa toussa. Là tu te dis oh que c'est beau, elle a retrouvé l'amour, elle va pouvoir recommencer à vivre après le drame qu'elle a vécu. Que nenni... « Je ne suis pas prête... Je traîne trop de casseroles. Je ne peux pas exclure Colin, comme tu viens de le faire avec Megan. Si je commence une histoire avec toi, je te reprocherai un jour ou l'autre de ne pas être lui... d'être toi. Je ne veux pas de ça... Tu n'es pas ma béquille, ni un médicament, tu mérites d'être aimé sans condition, pour toi seul et non pour tes vertus curatives. Et je sais que... je ne t'aime pas comme il faut. En tout cas, pas encore. Il faut d'abord que je me reconstruise, que je sois forte, que j'aille bien, que je n'aie plus besoin d'aide. Après ça, seulement, je pourrais encore t'aimer. Entièrement. Tu comprends ? ». Attends... Tout ça pour ÇA ? Elle lui fait tout un foin pour qu'il la choisisse et au final elle le largue comme une vieille capote usagée ? Elle ne pouvait pas réfléchir avant ? Finalement notre salope héroïne rentre à Paris, reprend en main son café littéraire et sa petite vie tranquille avec Félix et ses souvenirs.

     Sur ce coup de poignard dans le dos, je te laisse, ami lecteur, et je vais aller me boire une bonne bière fraîche histoire d'oublier un peu cette lecture affligeante.

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Commentaires
A
Bonjour Barabarafes ô toi spameur égaré en ces lieux... Faire de la pub, c'est déjà pas une grande idée sur un blog lu par peu de monde mais dans la mauvaise langue c'est presque de la culture pourrie !<br /> <br /> Du coup, j'ai juste un truc à te dire : Мы не говорим по-русски, Аслан !<br /> <br /> <br /> <br /> PS : en plus on est plus bouquins que fringues dans cette contrée
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L
Si la lecture de ce bouquin fut affligeante pour vous, celle de ce billet fut bien agréable pour moi. J'adore cette chronique ! Elle vient de m'ensoleiller la journée !
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