Le vendredi c'est culture pourrie : sataniste made in Taïwan, course-poursuite et monstres chelous
Si tu ne fais pas parti de ceux qui nous suivent depuis des siècles, tu ne sais peut-être pas que j'ai un grand frère de quatre ans de plus que moi. Il a officié ici le temps de deux ou trois articles et il est plutôt chouette. Mais avouons-le, il a eu un grand rôle dans ma vie. Parce que les nanars, les cultures pourries, c'est un peu de sa faute. Rien que ça. Grâce à À cause de lui, j'ai découvert Bade Taste et Braindead à l'époque du collège. Ainsi que l'esprit critique et les bons films. Et, forcément, je n'en suis pas sortie indemne. Ajoutez à cela l'influence d'Ema, férue de culture geek et asiatique, et vous avez la base des Culture Pourrie.
Alors, même si ce blog n'est pas encore sauvé des limbes, je continue les soirnars (définition dans le Glossaire). Avec Ema. Ou mon vénérable grand frère.
Voilà comment je me suis retrouvée, un dimanche soir, sur le point de regarder un film sino-japonais de 1977 : Super Riders. Si j'avais su... -soupir tragique à la Yul Goon- Ouais bon, en voyant l'affiche, je ne pouvais pas ignorer ce qui m'attendait :
Il m'a fallu environ deux minutes et sept secondes -t'as vu ma précision ?- pour me rendre compte que c'était du lourd. Du très lourd. Déjà parce qu'une gentille voix off nous présente le héros, un étudiant en biologie de 24 ans et que, seul le Dieu des Nanars sait pourquoi, cette petite séquence est entrecoupée d'images étranges de sport :
Mais pourquoi ?
Le gentil étudiant en biologie
On se trouve à Taïwan et notre jeune premier cherche un cadeau pour sa jeune sœur. Oooooooh, comme c'est un héros gentil qui prend soin de sa famille. La vendeuse lui montre un pendentif moche. Mais tadaaaaam, le vilain bijou est une arme, et pas seulement visuelle...
Bijou avec de la fumée toxique qui sort...
Notre étudiant s'étouffe et des méchants le kidnappent. Ben ouais, c'est un film d'action : on rentre tout de suite dans le vif du sujet. Il se réveille donc dans un curieux labo et en fort mauvaise posture. Genre enchaîné avec du plastique sur une couverture fantaisie aux couleurs de Spiderman que, quand même, ça fait pas très sérieux :
Est-ce que les méchants l'ont eue avec leur dernière commande Bon Prix ?
Fer en plastique...
Dis-toi bien que le pôvre héros, il a pas été kidnappé par n'importe qui. Nan. C'est carrément les Illuminatis l'Organisation Mondiale des Disciples de Satan qui est derrière tout ça. Rigole pas. Enfin si, tu peux. Là, c'est le grand retour de la voix off qui nous explique que l'OMDS est vraiment un groupe de GrosMéchants. Au service du Diable. Même que le chef, il parle à travers de la déco moche avec une pierre qui s'allume quand il prend la parole.
L'Interphone diabolique
Dans ce laboratoire secret, l'OMDS transforme de gentils étudiants innocents en vils serviteurs du Mal après les avoir dotés de supers-pouvoirs. Mais cette fois, entre les deux opérations, un scientifique se rebelle et aide notre héros à s'enfuir en lui expliquant qu'il est le second à échapper au lavage de cerveau. Même qu'il devra retrouver le premier « superman » afin de stopper les méchants qui veulent détruire Séoul, puis Hong-Kong.
Et là a lieu la première d'une trèèèèèès longue série de transformation. Un vrai processus dont je ne me suis pas lassée une seule fois tout au long du film :
Étape une : une mini-choré tout droit venue de la J-pop. C'est bô !
Étape deux : Gros plan sur un œil/bouton magique qu'on sait pas ce que c'est...
...il se met ensuite à tourner, tourner puis il fait pschitt ! Cherche pas, ça sert à rien.
Etape trois, le héros saute très haut dans le ciel et fait un salto avant...
...quand il atterrit, tadaaaam, il est en Superman !
Bref Superman n°2 parvient à s'échapper et retrouve le premier Superman lors d'un rendez-vous où les deux héros se promettent de tout faire pour déjouer le plan des adorateurs de Satan.
L'alliance des Supermen ou « yo mec sauvons la Terre avec nos brushings de la mort »
Du côté du mal on découvre enfin le visage du Docteur Mort... Et... Comment te dire ? Parfois une capture d'écran vaut mieux que mille jeux de mot pourris :
Le Docteur Mort si............crédible
Notre Dracula satanique est fâché parce qu'un professeur refuse de lui donner la formule GX, indispensable à ses plans. Le chercheur, con comme un balai sans poils, a eu l'idée géniale de laisser cette fameuse formule dans le nounours de sa gamine. Faut être couillon quand même. Forcément l'OMDS enlève la môme. Lors de sa fête d'anniversaire. Bande d'enfoirés !
Bonjour, je m'appelle Nathalie et... c'est mon anniversaire et mon papa ne tient pas vraiment à moi...
Le chercheur et les deux Supermen se rendent à un rendez-vous avec les méchants pour échanger la fillette contre la formule. Même que Dracuoulalalala est là. Assisté de squelettes encore moins classes que ceux de Turkish Star Wars -et c'est pas rien- :
Les méchants
Au terme d'une méga baston puis d'une magnifique course-poursuite en motos, nos Supermen récupèrent la petite :
Une course-poursuite de la mort qui tue... ou pas.
Oh papa ! Peut-être que tu m'aimes bien finalement...
Penons un moment pour saluer l'originalité des costumes de monstres avec ce florilège glanés tout au long de mon visionnage :
J'adore celui-là...
Boys-band version monstres
Il est presque mignon celui-là, non ?
Même si la palme revient à l'Agent des Enfers -le nom va avec l'apparence, promis- qui surgit parce que, quand même, Dracula il assure pas vraiment. Donc son Maître a décidé de lui envoyer de l'aide :
Retrouvons nos Supermen préférés... Par une pirouette scénaristique tout à fait magique, les voilà dans le bureau d'un directeur d'une écurie de motos -si j'ai bien tout compris, on peut pas dire que tout soit clair, hein...-.
Une réunion au sommet
Et là, coup de fil d'Interpol, un certain inspecteur veut parler à nos super-héros... Je me suis dit que c'était facile mais plutôt bien trouvé. Les possibilités sont infinies : l'appel pouvant balancer des informations sur l'OMDS, proposer une collaboration avec les Supermen,... Peu importe.
Sauf que le film a réussi à me surprendre. Pour de vrai. Car Interpol, cette organisation internationale de police, appelle pour...............................leur proposer de participer à une course de motos. Oui, oui, tu as bien lu ami lecteur. Une course de moto amicale. Genre c'est un coup du comité d'entreprise. Argh.
On ne parle pas assez du comité d'entreprise d'Interpol... Vraiment.
Bien entendu les méchants ne restent pas sans rien faire. Même qu'ils disposent de supers moyens :
Cet hélico est doté d'un « rayon électronique », dixit l'Agent des Enfers
Sauf qu'ils ne vont pas se contenter d'utiliser leur super arme. Non, ils vont utiliser une ruse digne de la Team Rocket pour isoler nos deux héros. Les disciples de Satan sont gentils, ils ne veulent pas faire de dommages collatéraux.
Une ruse à la pointe de la technologie...
Mais les méchants les ratent. Oui, oui. Alors l'hélico se pose et ça se transforme en bonne baston. Nos Supermen mettent une raclée aux squelettes, leur piquent leurs déguisement et l'hélicoptère. C'est ainsi qu'ils peuvent infiltrer la base ennemie. Ils ont à peine fait un mètre dans le bâtiment qu'ils sont repérés. Même que l'Agent des Enfers éteint la lumière et que c'est zoliiiiiiiiiiiiiiii l'effet lumière verte sur le costume squelette :
Finalement les méchants font exploser le bâtiment et Superman n°j'sais-pas-trop-c'est-lequel se retrouve avec un acolyte que j'ai pas compris qui c'était. Ensuite l'Agent des Enfers fait kidnapper le directeur d'écurie et ses secrétaires cochonnes avec un monstre qui sort du sol :
Monstre qui sort du sol
Monstre sorti du sol
Là au bout d'une heure de film, je commençais franchement à fatiguer. Donc je vais résumer : apparition de monstres puis baston. Course-poursuite à moto. Et on recommence. Bon y a bien un moment, on ne sait pas pourquoi, les monstres se pointent à cheval mais bon, je préfère ne pas trop me poser de question...
Puis après hop on est sur une montagne. Et y a un gros laser à détruire.
Tu as vu mon gros laser ?
Que les gentils retournent contre les méchants. Boum.
Ça pourrait être la fin de ce chef d’œuvre du nanar. Sauf que nan. Argh... On a alors le droit à une révélation ahurissante. Docteur Mort – le dracula tout vieux – a la capacité de changer d'apparence.
Donc on va le voir en mode magicienne :
Oui, oui à gauche c'est bien le Docteur Mort...
Et hop on change de contexte -sans explication hein, c'est pas comme si un scénario devait être cohérent...-. On se retrouve dans un parc d'attraction où une blonde moche est poursuivie par les Blues Brothers :
La blonde moche...
… poursuivie par les Blues Brother
Bref. Baston. Et baston. Puis baston. Le film se terminera sur une révélation sublime :
La blonde moche, Elisabeth, n'est autre que...................la magicienne.
Qui, rappelons-le est le Docteur Mort.
Voilà. L'Agent des Enfers meurt mais Docteur Mort s'en sort et on devine que les Supermen auront encore bien des combats à mener... Mais ce sera sans moi !
Plus sérieusement, les pirouettes scénaristiques et le montage laborieux de Supers Riders a une explication : si les scènes entre les combats sont effectivement tournées par des taïwanais, ceux-ci sont simplement des scènes de la série japonaise Kamen Riders, utilisées avec l'autorisation des japonais. Ce qui donne, à l'arrivée, un patchwork nanaresque tout à fait unique et hilarant.
Sur ce, ami lecteur, à bientôt pour de nouvelles aventures...