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Les Voraces
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5 septembre 2013

Monde sans oiseaux – Karin Serres – rentrée littéraire 2013

 

mondesansoiseaux

 

Édition : Stock

Collection : La Forêt

Parution : août 2013

Classement : roman

Oyé, oyé ami lecteur, c'est la rentrée chez les CulturoVoraces ! Pour rester dans le thème, j'ai choisi de te parler de la rentrée littéraire. Le début des festivités avait commencé en août avec le très joli roman de monsieur Reverdy, et encore une fois c'est bonne pioche pour moi -parmi quand même plusieurs centaines de publications de cette année-. J'ai la main heureuse en ce moment.

« Petite Boîte d’Os » est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d’algues et d’herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche.

Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue. Le lac, d’apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fluorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village. 

Attention coup de cœur pour cet ouvrage, coup de foudre pour l'auteure. Oui, oui, tout ça. Le court récit de madame Serres nous emmène dans un monde post-déluge à la rencontre de Petite Boîte d'Os, une héroïne dont je suis littéralement tombée amoureuse. Durant ma lecture, je n'ai cessé de penser à Un Coeur Simple de Flaubert -rien que ça-. Car indéniablement, Karin Serres parvient à nous rendre le fil d'une vie sans le briser, avec un style d'une poésie aussi discrète qu'émouvante. La rencontre entre cette existence presque ordinaire avec un contexte mystérieux et onirique donne au roman un ton unique et surprenant. Le grand amour de Petite Boîte d'Os m'a transportée tellement il ressemble à ce que l'on peut vivre dans la réalité. Cette authenticité des sentiments rend la dérive de l'Humanité encore plus tragique. Car si Monde sans oiseaux semble quelque peu naïf au premier abord, on comprend vite que le récit est plus profond que l'on pourrait le croire. Au détour d'une page, l'ironie de l'auteure nous surprend pour nous mener à une réflexion sur ce qu'est la Nature, l'écriture, l'Humain, la Vie. Et la plume de Serres se montre à la hauteur de son ambition littéraire.

Tu le sais ami lecteur, j'aime la subtilité en littérature, la délicatesse. Rien ne me heurt plus que l’abus que l'on fait de ces qualificatifs dans la presse quand on parle bouquin. Il suffit qu'un écrivain fasse dans le style si à la mode -phrases courtes, images naïves, simplicité grammaticale- pour qu'on s'écrie que vraiment tout ça est délicat, que ça coule, que c'est de la littérature. Généralement ce genre de critique me fait mourir de rire et même m'agace franchement. Pour le coup, Monde sans oiseaux mérite vraiment que l'on parle de délicatesse et de subtilité. Et je redécouvre ce que peut être la simplicité lorsqu’elle n'est qu'apparence et sert si bien le récit. Merci, madame Serres.


NOTE GLOBALE : 18 / 20

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Suite à cette chouette lecture, j'ai eu envie de poser quelques questions à l'auteure, Karin Serres. Cette dernière a eu la gentillesse de se prêter au jeu...

AlterVorace : Auteure reconnue de théâtre et d'oeuvres pour la jeunesse, pourquoi avec Monde sans oiseaux avoir décidé d'écrire un roman à destination des adultes ?
Karin Serres : Je ne choisis pas la forme littéraire des histoires qui arrivent dans ma tête. Bien que j'aime et que j'écrive beaucoup de théâtre, "Monde sans oiseaux" est arrivé sous forme romanesque. Quant à l'âge de l'adresse, j'espère toujours que ce que j'écris pourra parler à tous les âges, différemment bien sûr. Une fois le texte écrit, je regarde s'il comporte assez de portes d'entrées pour les enfants, les adolescents, les adultes… et je referme l'éventail des âges en fonction. "Monde sans oiseaux" me semble pouvoir parler à des adultes et à des adolescent/e/s.
Est-ce que votre manière de travailler a été différente pour cette œuvre ? Et en quoi ?
 L'écriture romanesque est vraiment différente de l'écriture théâtrale, c'est une plongée plus en solitaire, parce qu'il n'y aura pas d'intermédiaire entre le texte achevé et le lecteur ou la lectrice, contrairement au théâtre dans lequel il faut laisser de l'espace aux relais suivants, jusqu'au public. J'ai retravaillé sa dernière version avec mon éditrice, Brigitte Giraud, comme je le fais souvent en théâtre avec les éditeurs/éditrices ou les metteurs/metteuses en scène.
Dans vos pièces -de théâtre comme radiophoniques- la place de l'oralité est primordiale, forcément. Pendant la lecture de Monde sans oiseaux, on se rend compte que le texte, très poétique, mérite vraiment d'être lu à voix haute... Vous l'avez travaillé dans ce sens ? 
Quand j'écris, et quoi que j'écrive, je n'ai pas d'image, mais du son, des voix et des sensations. J'affine mes brouillons à l'oreille, mais mentalement, sans les dire à voix haute, jusqu'à que ça soit "pile" comme je l'entends et le sens. Peut-être est-ce la raison de leur oralité, une fois terminés.
Votre héroïne, Petite Boîte d'Os, et la majorité des personnages de votre roman, se font remarquer par leurs différences. Quand on connaît un peu votre œuvre, on se rend compte que le thème de la différence est une constante (entre autre dans Colza, Mongol ou Tricot d'amour). Le sujet vous tient-il particulièrement à cœur ?
Ce n'est pas un sujet, un thème ni des personnages sciemment choisi/s, car je ne choisis pas de sujets, de thèmes ou de personnages à l'avance, ils arrivent avec l'histoire, dans un tout. Mais c'est vrai que cela revient toujours. Sans doute est-ce l'une des difficultés de la vie en société : nous sommes tous différents mais nous voulons vivre ensemble. 
Le village habité par Joseph et Petite Boîte d'Os est assujetti aux caprices du lac pendant que l'élevage de cochons génétiquement modifiés semble montrer la folie des hommes. Est-ce qu'on peut parler de conte écologique pour Monde sans oiseaux ? Quelle est la place de la Nature dans votre œuvre ? 
La nature fait de plus en plus partie de mon écriture, tout comme le monde animal, dans une philosophie animiste du monde vivant en général. Humains, animaux, végétaux…etc, nous nous inscrivons dans un même espace-temps dans lequel nous évoluons en parallèle, de façon différente. Mais je ne dirais pas de "Monde sans oiseaux" que c'est un conte écologique, parce que je ne l'ai pas voulu comme tel en amont (il n'y a pas de "message" de ce genre), parce qu'il est centré sur des humains et parce que j'aimerais qu'il soit plus crédible qu'un conte. Petite Boîte d'Os est simplement traversée et nourrie par toute la vie qui l'entoure, aussi étrange soit-elle.
Avant de vous laisser, pourriez-vous nous un peu de vos futurs projets ? Pensez-vous que vous réitérerez et que nous aurons le plaisir dans les années à venir de lire d'autres romans « adultes » de vous ?
Je termine actuellement trois pièces de théâtre qui seront créées en novembre 2013 : "Tag", au NTA d'Angers, par Anne Contensou, pour adultes et adolescents, "A la renverse", à l'Agora de Bilhères, par Pascale Daniel-Lacombe, pour tous les publics et "L'abattoir invisible", au Teatro da Malaposta à Lisbonne, au Portugal, par José Martins, pour adultes. J'ai aussi deux nouveaux romans en cours, pour adultes, que j'espère bien terminer rapidement…
Merci encore à madame Serres pour sa gentillesse... Si tu veux en savoir plus, tu peux trouver son blog ICI.

 

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Commentaires
L
Alors si tu veux plus marquant encore dans la rentrée littéraire, il faut vraiment que tu lises Esprit d'hiver, puisqu'il attend sagement chez toi ;)
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L
J'ai bien aimé ce livre aussi, je pense que je lirai les prochains romans de Karin Serres :) Je dirais, parmi les six livres que j'ai lus de la rentrée littéraire, qu'il sort vraiment du lot !
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A
Je suis contente que l'article plaise. Le roman vaut vraiment le coup. <br /> <br /> <br /> <br /> La suite de la rentrée littéraire le 19 septembre.
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M
merci pour cet article
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S
Magnifique, avec l'interview en plus, quelle classe. <br /> <br /> Ce n'est pas le style de roman dans lequel je me plongerais tout de suite, mais dans quelques années, quand j'aurais mûrie, qui sait ? Merci à toi.
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