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Les Voraces
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26 juillet 2013

Le vendredi, c'est Culture Pourrie – le nanar archéologique chez Harlequin

Par une triste journée de pluie -en vrai il faisait bô, hein, mais tu me pardonneras ce goût de la dramatisation- je baguenaudais sur le blog et relisais quelques Culture Pourrie quand je me suis rendue compte que je n'avais pas descendu de vieux Harlequin depuis la Saint Valentin. Tu imagines ça ami lecteur ? Je me suis dit qu'il était plus que temps de remédier à cela et je suis partie en quête d'un bon nanar de la maison d'édition de l'amûr. Puis j'ai eu l'idée d'aller flirter du côté de l'âge de pierre du Harlequin

Laisse-moi t'expliquer un peu. De nos jours, il existe une collection « Nocturne » consacrée à la romance paranormale, quoi de plus logique en cette décennie où la Bitlit a le succès qu'on lui connaît ? Sauf qu'avant cela, Harlequin avait déjà flairé le filon avec la collection Luna, consacrée à de la romance légèrement croisée à de la fantasy. Harlequin a publié des bouquins estampillés Luna de 2005 à 2010 et je connaissais cette dernière de nom. Sauf qu'avant cela, il y a eu les Sixième sens, 1994-2002. Je n'en avais jamais lu mais j'étais assez curieuse. Les romances classiques qui datent des années 90 sont souvent assez gratinées alors je me suis dit que ça devait ête du lourd. J'en ai donc déniché un. Oui, je suis merveilleuse.

Et la couverture d'une atrocité confinant presque au sublime m'a donné raison :

 

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Quant au résumé... Comment dire ? Je te laisse profiter :

Voué aux ténèbres éternelles, Oliver n'a d'autre choix que d'obéir à Celle qui règne sur le Royaume de la nuit. La mission qui, aujourd'hui, lui est confiée lui semble un jeu d'enfant, même s'il répugne à l'accomplir... Car Oliver n'a jamais eu l'âme d'un meurtrier. Cependant, à peine a-t-il ouvert le dossier de sa victime désignée, que la tâche lui paraît plus lourde encore, presque au-dessus de ses forces. Le Dr Sue Cooper est non seulement une femme, belle, rayonnante, mais une scientifique éminente dans le domaine de la longévité humaine... Un joyau parmi les mortels. Oliver range très vite la photo, déchiré par des sentiments depuis longtemps oubliés.

Le héros, Oliver, vampire solitaire mais gentil quand même, est convoqué par la Mort. Ouais, rien que ça. Tout de suite on comprend que ce roman ne fera pas dans l'originalité puisqu'on apprend qu'un vampire en « tenue d'apparat », c'est un vampire en cape et tout de noir vêtu. Tu sens venir le festival des clichés ? Moi aussi, moi aussi. Dans le même temps madame Sharon Brandon -le prénom est maudit ou quoi?- nous met bien les points sur les i : Oliver est un vampire version mou du genou à l'intérieur :

De plus, il ne se nourrissait pas exclusivement de sang humain, contrairement aux ordres de la Mort et aux habitudes de ses congénères, mais chassait le plus souvent des animaux sauvages en compagnie de bandes de loups.

Et que demande la Mort à notre créature de la nuit mystérieuse mais quand même pas méchante pour de vrai ? De tuer quelqu'un. Elle explique pourquoi :

- Je dévore les âmes depuis la nuit des temps, par besoin et par plaisir, finit-Elle par répondre. Or cette personne, un brillant médecin, travaille sur une technique qui allongera la vie humaine de plusieurs dizaines d'années. J'ai peur... Je ne permettrais pas que mon approvisionnement en âmes ne ralentisse. Ou même s’arrête.

Ouais. L'argument tient quand on connaît l'univers parallèle Harlequins -je te rappelle que dans le dernier que j'ai chroniqué, l'héroïne kidnappait une star du rock, qui se révélait être le frère jumeau du célèbre chanteur-.

Hélas, Oliver n'a pas d'autre choix que d'accepter. Et il découvre que sa victime est une jeune femme séduisante. Oups. Et au lieu de la buter rapidement, il décide de surgir dans son entourage. Cherche pas, c'est pour que l'amûr puisse naître entre nos deux personnages, y a pas d'autre raison.

Bref, Oliver s'incruste en devenant le colocataire de Sue, la belle scientifique. Pour se faire, il passe par une amie de cette dernière et fait croire que la personne dont il est question sera une femme. Sauf que lorsque le vampire se pointe, Sue voit bien que c'est un mec. Je vous l'ai dit, c'est une scientifique.

Là, si tu ne lis pas de Harlequin, tu imagines qu'elle va le foutre dehors. Sauf que nan.

Sue commençait à se détendre. Cet homme ne lui voulait visiblement aucun mal et, de plus, il était très séduisant. Outre la musculature qu'elle avait déjà notée, il avait des traits énergiques, une grande bouche sensuelle, de magnifiques yeux noirs et des cheveux de jais. […]

-Eh bien, Oliver, c'est d'accord, annonça la jeune femme en s'avançant vers lui, la main tendue. Je pense pouvoir m'adapter à la situation. Je vous souhaite de nouveau la bienvenue à New York.

Mais pourquoi elle accepte de vivre avec un inconnu ? Les cheveux de jais peut-être. Bien entendu, Sue se sent tout de suite attirée par son colocataire. Qui est censé la tuer le soir même. Soudain, coup de tonnerre :

Un brusque éternuement lui secoua les épaules, la ramenant à la réalité :

-Oh ! Non... gémit-elle. Voilà que j'ai attrapé un rhume... C'est ce passage continuel de la chaleur humide du dehors à l'air conditionné. Plus le manque de sommeil et une mauvaise alimentation : rien de tel pour rendre l'organisme vulnérable aux infections virales.

Tu noteras à quel point Sue est super forte en bio. Faut dire qu'elle fait des recherches super compliquées. Là l'auteur aurait pu dire plein de choses... Que l'héroïne travaille dans la recherche contre le cancer, sur la génétique... Mais nan. Elle travaille sur « l'allongement de la vie ». Ouais. Ça fait sérieux, hein ?

Revenons à notre roman d'amûr. Sue éternue. Sue est donc malade. Tu remarqueras la présence d'un procédé cher au drama : la maladie lyophilisée -voir glossaire. Par mesure de précaution, Sue va donc se coucher.

Oliver décide alors de passer à l'action. Et pour se faire :

Pour ne pas risquer de réveiller Sue en se déplaçant dans l'appartement, il se dématérialisa et se changea en nuage de brume : il craignait, si sa victime avait les yeux ouverts, que sa résolution ne fléchît.

Le vampire chez madame Brandon passe sous les portes. C'est cool. Sauf qu'il ne la tue pas. Parce qu'elle a la grippe. Encore une fois, la force de l'argument est percutant.

Et au lieu de la tuer, il la soigne. Vraiment. Il lui donne à manger, des médicaments, et la borde pour qu'elle dorme bien. Magique. Mais un soir, une créature mystérieuse s'en prend à la malade. Alors Oliver explique qu'il est medium. Que c'est pour ça que de mystérieux bidules le pourchassent. Et Sue continue de se reposer. Quand un méchant collègue -et ex de Sue- vient la voir car elle n'a pas prévenu à son travail, Oliver le jette dehors. Puis elle entend une conversation où le gentil colocataire parle de la buter.

Et Sue commence à se poser des questions sur la nature d'Oliver.

Hélas, la méchante créature qu'Oliver a chassée n'était pas là par hasard. Nan. la pseudo Mort s'impatiente et a envod'autres tueurs aux trousses de Sue. Qui s'enfuit. Oliver la sauve, encore, puis la ramène chez elle. Visiblement, de l'avoir vu les yeux rouges, le nez qui coule et le cheveux emmêlé a eu son effet car il ne semble plus être capable de la tuer. -Alors la prochaine fois que tu as des tueurs à tes trousses, n'apprends pas à utiliser un M16, nan, attrape la grippe...-

 Oliver veut donc donner un sursit à la jolie Sue et il va voir la mort pour lui expliquer :

-Dans le monde des humains, Halloween, la fête annuelle, où l'on célèbre la domination et la puissance des ténèbres, aura lieu à la prochaine lune. J'ai choisi cette nuit-là pour passer à l'action. Ce meurtre revêtira ainsi un caractère rituel et symbolique.

D'ici au 31 octobre, date d'Halloween, il aurait le temps de décider ce qu'il fallait faire. Du moins l'espérait-il.

Déjà, à ce stade, je commençais à trouver Oliver un peu pourri. Il est censé être un vampire-tout-froid-et-mystérieux-mais-mou-du-genou-à-l'intérieur. Sauf que seul le côté mou du genou est là.

La preuve ?

Après son entrevue avec la Mort :

Sur le chemin du retour, il s'arrêta dans un lieu isolé pour se nourrir, puis, sous l'effet d'une impulsion subite, cueillit un bouquet de ces fleurs rares qui avaient tant plu à la jeune femme.

Le vampire, âgé de 500 ans, perd donc son temps à ramasser des fleufleurs au lieu de trouver une solution durable pour sauver la peau de la femme qu'il désire. Logique. Ou pas.

Pendant ce temps Sue, elle est super intelligente je te rappelle, comprend qu'Oliver doit être un vampire. Elle veut des réponses et décide de se confronter à ce dernier :

Sue se livra à quelques préparatifs avant d'affronter Oliver. Le fantastique n'était pas son genre littéraire préféré -comme l'auteur visiblement- mais, ayant vu quelques films de Dracula, elle savait que l'ail, les croix et la lumière du jour constituaient les trois grands ennemis des vampires, et que l'on tuait ces créatures en leur enfonçant un pieu dans le cœur.

Bref, elle l'entoure d'ail pendant son sommeil. Et le pôvre garçon vampire souffre atrocement : elle peut enfin l'interroger.

Tous deux papotent un moment. Puis elle décide de lui faire confiance. Il l'a sauvée deux fois après tout.

Après, on a le droit à la scène de baise de passion charnelle. Et on apprend que ça fait 500 ans qu'Oliver le pôvre vampire si solitaire n'a pas fait l'amour. Tu imagines ?

Et attention une séance de ça va ça vient a de grands pouvoirs dans un Harlequin :

Oui en aimant Sue, il avait cessé d'être une misérable créature à demi morte ; il était redevenu humain. Et ce miracle avait eu lieu grâce à la confiance d'une femme qui s'était offerte sans crainte et sans réserve, créant entre eux un lien qui allait bien au-delà de l'union de deux corps : le bonheur qu'ils venaient de partager provenait du cœur, et pas seulement des sens...

Mais bon la Mort veut toujours la peau de la jolie Sue. Quelle sera l'idée de génie de l'héroïne pour régler le problème ? Ben qu'elle doit finir ses travaux sur l'allongement de la vie ! En deux semaines. Facile.

En attendant, deux semaines c'est large finalement, ils vont manger au restaurant. Véridique. Puis hop, elle lui avoue qu'elle est amoureuse de lui. Après la maladie lyophilisée, l'amour lyophilisé. C'est le truc le plus surnaturel du récit en fait.

Mais Sue se demande si Oliver et La Mort sont vraiment ce qu'ils paraissent. Alors elle contacte un spécialiste des trucs paranormaux. Un prêtre. Original. Qui demande à Oliver d'entrer dans une Eglise pour voir s'il peut le faire. Et ooooooooooooooooooooooh, il le peut. Alors le BôVampire demande à être entendu en confession. On est bien content pour lui.

Puis Oliver se retrouve face à la Mort. Gros combat tout pourri. La Mort se sauve mais l'Eglise est en feu. Alors le vampire sauve presque tout le village avant d'être gravement blessé. Quand il se réveille :

Le père Quinn venait de lui raconter l'histoire de son retour à la vie, et il n'en croyait visiblement pas ses oreilles.

-Ces gens savent que je suis un vampire, et ils ont quand même accepté de m'aider ?

- Mais oui, répliqua Sue. Pour eux, tu es avant tout celui qui a sauvé l'un des leurs et empêché le feu de se propager à leur maison.

Bref les villageois donnent leur sang à tour de rôle et promettent de garder le secret. On dirait presque que l'auteure s'est trompée de faille spatio-temporelle. On n'a pas attéri chez Harlequin mais carrément chez les Bisounours. 

Le père Quinn se pose tout de même de plus en plus de questions sur la nature réelle d'Oliver. Alors on apprend que la Mort n'est pas la Mort mais un démon avec lequel il a passé un pacte. Et le héros n'est même pas un vrai vampire. Ça fait donc 500 ans que notre bô héros se fait avoir royalement. Non seulement c'est pas un vampire et il sert à rien mais en plus il est neuneu. Génial.

Enfin arrive la bataille finale. Et Oliver reçoit de la MortQuiEnFaitN'estPasLaMort la même blessure dont il aurait dû mourir 500 ans en arrière. Puis le grand méchant est tué. Alors qu'Oliver est sauvé.

Mais bien sûr, la blessure et la mort du démon le retransforme en humain. Parce que c'est pas tout ça mais on est chez Harlequin et il faut bien que nos tourtereaux puissent avoir plein de bébés kro mignons.

N'empêche, je ne pensais pas pouvoir écrire cela un jour, mais L'Oeil du Vampire, ça a presque rendu Lucius Vladescu acceptable en comparaison. C'est dire. Merci Harlequin, tu es trop fort !

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Commentaires
C
Juste... Mwahahahaaaa!!!!! :D <br /> <br /> Magique, comme souvent!
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B
Naan, ils ont osé écrire un truc pareil ?? Un vampire qui redevient humain ? Mais ce truc est plus pourave que Twilight !!<br /> <br /> <br /> <br /> Attends, les auteurs qui écrivent ça, ils le font pour se payer une tranche de rire (du genre "ahahah, qu'est-ce qu'on écrit, quand même, et les gens vont acheter, en plus... attends, j'ajoute cette merde pour voir si les ventes augmentent") ou bien ils sont vraiment des auteurs merdiques refusé par toutes les maisons d'éditions ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, au moins ils nous font marrer quand on lit tes critiques ! Au fait, où trouves-tu toute cette culture littéraire pourave ? A la biblio du coin ou dans les vides grenier ?
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S
Whaou, c'est vraiment trop grâce et je ne savais pas qu'Harlequin avait une gamme SF. Comme toujours, j'ai vraiment bien rigolé en lisant ton super article !!!! Merci beaucoup de te sacrifier pour notre plaisir !!! Mais, y feront pas des bébés Cro mignon mi humain mi surnaturel, ça fera une suite comme ça !!! Ah ah ah, je blaguais !!!
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L
Ah cela m'avait manqué le bon vieux harlequin et la culture pourrie et celui là a l'air un grand cru. Merci pour la tranche de rire.
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E
Mouahahahaha ! Il est bon celui-là ! Bon, quand j'aurais une connexion et pas d'enfants je vais partir en quête d'un harlequin contenant des extraterrestres. Ça doit valoir le coup :D
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