Culture (partiellement) pourrie : Rubber, le pneu tueur !

Après quelques chroniques de films, livres et dramas, AlterVorace m’a suppliée à genoux -si, si je vous assure- de me lancer dans l’industrie du nanar. Étant une esclave docile  personne ouverte à tout  amie loyale -admettons… on ne va pas passer 30 lignes sur l’intro-, j’ai accepté. Mais heureusement, elle ne m’a pas donné un conseil du genre « pour ton premier culture pourrie, tu devrais regarder le film deux ou trois fois pour bien t’en imprégner ». Dieu merci.

Quand un ami (qui travaille chez Michelin, précisions-le) m’a recommandé « Rubber », l’histoire d’un pneu tueur, j’ai tout de suite su qu’il y avait du potentiel de culture pourrie.  Mais j’étais aussi loin de la vérité que les articles du magazine Voici ! En plus d’un résumé très… loufoque inattendu, le film est complètement tordu … différent.  Bref, la crème de la crème !!!

Pour que vous compreniez. La scène d’ouverture nous présente des chaises au milieu d’une route, puis  voiture « s’amusant » à les renverser une à une. Pour quoi faire, me direz-vous ? Aucune raison. Effectivement, sort de cette voiture un agent de police (dans une tenue de shérif des années 70 !) qui se lance dans une tirade sur les « aucune raison ».

Ok, maintenant que vous cerner le « genre » de ce film, vous comprenez pourquoi je ne peux pas l’intégrer à la rubrique des cultures pourries. Il n’a aucune raison d’y figurer. Ce long-métrage de Dupieux est tout simplement à côté de la masse -j’adapte mes proverbes à la situation-. Mais rassurez-vous chers fans de Culture Pourrie, il y a quand même ici matière à se moquer !  À la différence du héros de Rubber, je ne me dégonflerai pas.

Reprenons. Après cette étrange scène d’ouverture, on comprend qu’en fait notre FlicPresqueShérif s’adressait à des gens que l’on pourrait qualifier de Public. Ce dernier est là, tout comme nous, pour regarder le film, mais d’une manière assez peu banale.

Je trouve déjà que nous faire payer 2€ au cinoch’ pour une paire de lunettes 3D c’est la ruine, alors imaginez le prix des jumelles !  Juste pour voir un bout de caoutchouc en plus ! Le concept de regarder des gens regarder un film est un peu bizarre, mais il est là quand même ! Et soudain, sous les jumelles attentives du Public, notre BoutDeCaoutchouc prend vie. Et pendant de longues minutes on voit notre héros tenter de rouler tout seul comme un grand. Puis il rencontre une bouteille en plastique et se fait une joie de l’écraser. Et c’est au tour d'un scorpion. Vilain pneu ! Quand soudain …. TATATATA !!! Un ennemi se dresse face à BoutDeCaoutchouc…

 
Une canette en verre ! Oh mon Dieu !

Ce brave pneu va essayer tant bien que mal de la réduire en bouillie, comme sa conjointe en plastique. En vain... Il s’énerve et là… PAF la bouteille se casse par la force TélékinoRageuse du pneu. Un peu comme Piccolo qui effondre des maisons en claquant des doigts, mais en plus balèze encore ! Et manque de pot pour un corbeau (on y reviendra) et un lapin qui croisent la route de BoutDeCaoutchouc : PAF le corbeau et PAF le lapin !

Comment ça vous n’avez jamais vu un lapin PAFer ?

Puis, pour le plaisir du Public -faut vraiment être atteint pour regarder ce "film"-, notre cher pneu continue sa route. Il tombe sur une jolie demoiselle mais plutôt cruche qui a visiblement un problème technique avec sa voiture (à cause d’un « malencontreux » coup de TélékinoRageuse, sans vouloir cafter hein !). Attention, au milieu de ce film d’action implacable, place à la romance : BoutDeCaoutchouc va tomber éperdument amoureux de BelleCruche ! Il va même jusqu’à la suivre dans sa chambre d’hôtel et la mater sous la douche.

Mais entre temps, il surprend un méchant automobiliste-qui-à-la-même-tête-que-Michel-Sardou-il-y-a-10 ans, à dépasser dangereusement BelleCruche. Et à la station d’essence suivante, devinez quoi ?... -Est-ce le moment de sortir de grand jeu : roulements de tambour et tout le reste ?-

Bien deviné (quelle perspicacité, vous pourriez postuler en tant que scénariste de Rubber !) : PAF le SardouAméricain ! Et c’est à ce moment que ça commence à dégénérer. Le pneu s’en prend aux êtres humains ! Il PAFe même la femme de chambre de l’hôtel, sans s’apercevoir que le fils du gérant de l’hôtel (enfin c’est ce que l’on suppose, car dans ce film personne n’a de prénom ou même de nom, on ne sait pas vraiment qui est qui ! Ils avaient sans doute peur qu’on s’accroche aux personnages ! Tiens j’aurais dû regarder le casting du générique pour me fendre la poire…) l’a surpris. Quand ce GaminTéméraire va tout raconter à son père, celui-ci le dégage en beauté et l’envoie au village lui chercher une pizza.

Voilà ta pizza papa ! Avec un supplément Corbeau !

Parallèlement à ça un étrange monsieur que j'ai nomé HommeBizarre apporte une dinde à notre cher Public, qui succombe quelques minutes après. Le seul survivant est un handicapé qui n’avait pas pu se jeter sur le festin. Coup de chance -ou coup du sort ?-, il peut continuer de regarder les aventures du pneu et des flics incapables... Ils peinent sur le meutre inexpliqué de la femme de chambre. S'en suit une série d'autres morts, qui ont tous la tête joliement explosée !

Les Voraces pourront vous en donner des nouvelles : on n'est pas
toujours à l'abri dans un supermarché... Surtout au rayon boissons !

Puis HommeBizarre retente sa chance et apporte de la nourriture au SurvivantduPublic, mais une fois de plus l’inexplicable frappe Rubber : c’est HommeBizarre qui mange le repas empoisonné et claque. Gros soupir de soulagement du VraiPublic -vous savez les pinpins de la vraie vie, derrière leur écran- : ce qu’il racontait avant de mourir était aussi intéressant qu’une émission de Secret Story. 

Grande découverte : il existe la version Pousse-Caca +++

Deuxième soupir de soulagement lorsque la scène finale semble pointer le bout de son nez. D’une lueur d’intelligence, FlicPresqueShérif imagine un stratagème infaillible pour piéger BoutDeCaoutchouc -je n’en dirais pas plus, je ne voudrais pas spoiler, au cas où certains seraient pris de pulsions suicidaires un de ces jours…- . Sauf que l’handicapé vient râler en disant que le film n’avance pas assez vite, et qu’il s’ennuie ferme. Chouette, on est deux :)

Du coup, FlicPresqueShérif prend son M-16, et va flinguer le pneu. Il le balance aux pieds de l’handicapé et … Fin ? Oh mon Dieu, non ! BoutDeCaoutchouc s’est réincarné en tricycle et anime tous les pneus qu’il croise, tel un nécromancien avec ses squelettes. J’aurai dû regarder un film de vrais morts-vivants, je me serais moins fait chier.

Je reviendrai tuez les gentils ! Je reviendrai...

En espérant qu’ils ne fassent pas un Rubber II, merci à la traitresse qui m’a incitée à me lancer dans les cultures pourries et à l’ami (va falloir que je revoie la définition de ce mot décidemment…) qui m’a conseillée ce film !

Comments

[lady1407]

Merci pour cette chronique et ton courage (masochiste) pour avoir regarder un truc pareil.

J'essaye d'imaginer les réunions entre scénaristes, réalisateur et acteurs afin de nous pondre ce chef d’œuvre : "les gars j'ai une idée de génie : un pneu tueur" --'

[Sarang13]

Omo, là c'est vraiment du sacrifice, j'ai adore lire cet article hyper délirant mais je pense faire l'impasse sur le film !!!! Mille merci de nous faire tant rire !!!

[MinSooTae]

Paix à ton âme. Je crois que jamais, jamais je ne regarderais ce film. Je m'ennuierais trop je crois. Mais en tout cas ta chronique est pas mal du tout ! Ca montre bien à quel point ce film est spécial, et à quel point on n'a pas envie de le voir. Merci de ton sacrifice.

[doriris1970]

J'avoue que je me ferais un ulcère très facilement rien qu'en attendant la fin d'un film pareil... Tu as vraiment du courage. Comment certains peuvent dépenser de l'argent en fabriquant ce genre de nanar ?? En tout cas vu à travers tes yeux, il n'aura pas été tourné pour rien !! :)