Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Voraces
Newsletter
203 abonnés
Publicité
5 octobre 2012

Le vendredi c'est culture pourrie : sexisme et rapports malsains chez Harlequin

 

Pour ce qui est de la chronique culture pourrie, j'ai mis en place, au fil des mois, une véritable stratégie afin de trouver les livres qui feraient l'objet de cette « mise à mort ». Quelques auteurs sont des habitués, la littérature jeunesse semble être féconde en absurdités et Harlequin reste une valeur sûre. Sauf qu'il n'est pas toujours simple de repérer la perle au millieu des parutions nombreuses de la maison d'édition de l'amûr. Heureusement la chance -ou pas- est parfois de mon côté. Pour le bouquin qui nous occupe aujourd'hui, c'est le titre qui m'a interpellée : Adam mon frère. Je ne sais pas ce que tu en penses ami lecteur, mais ce titre m'a franchement mise mal à l'aise. Je me suis dit qu'une romance avec le terme « frère » dans le titre risquait de me faire grincer des dents. Je n'ai qu'un seul mot à dire : BINGO ! Oui, cet ouvrage mérite une place -de choix- dans notre rubrique. Oui, ce roman ne demande qu'à être descendu en flèche sans aucune compassion.

Le récit commence avec le héros, Adam. A première vu, nous sommes face au personnage masculin type de ce genre d'ouvrage. Adam est jeune, beau et médecin. Puis il est généreux aussi puisqu'il soigne les pôvres -t'imagine...-. Ce mâle entretient une liaison depuis deux ans avec une comédienne, une certaine Loren Griffiths. Dès le premier chapitre nous apprenons qu'il a une demi-sœur -ils ne partagent aucun parent commun, mais la mère du jeune homme a épousé le papa de l'héroïne- et que cette dernière va débarquer à Londres, chez son frangin, pour prendre des cours de secrétariat.

Alors l'histoire de Adam mon frère est d'une simplicité affligeante. Nous avons le héros, Adam. C'est le prix du jour, le trophée à gagner, la récompense ultime. Autour du mâle : deux prétendantes caricaturales à souhait. Maria est une jeune fille de 18 ans -oui une jeunette alors que le « jeune » premier a plus de trente ans-. L'innocence de Maria est totale, c'est une oie blanche dans toute sa splendeur. Et encore, ce n'est pas très gentil pour les oies. Bien entendu elle est pucelle. De l'autre côté du ring de l'amûr, nous avons Loren. Elle doit avoir l'âge d'Adam. La jeune femme est indépendante et a, logique, un passé amoureux. Et là, badaboum, petit mélange personnel de l'auteur. Nous sommes dans une romance contemporaine mais avec des mœurs époque Régence. Parce que la vierge est forcément une fille bien alors que la femme d'expérience est une gourgandine égoïste de la pire espèce. Déjà elle est possessive, on l'apprend dés le premier chapitre :

« Mon chéri ! Répéta-t-elle en prenant le bras d'Adam de façon possessive, je déteste ces conférences de presse tu le sais bien, mais je n'ai pas le choix. » 

Puis elle est snob aussi :

«  - Tu préfères ton affreux dispensaire de l'East End, ce quartier pauvre et populeux ! S'écria-t-elle. »

Bref, celle qui a perdu son pucelage est une MéchanteMéchante.

Sauf que franchement, si je devais me coltiner un mec aussi sexiste et tyrannique que Adam, moi aussi je m'inspirerais peut-être de Dark Vador pour le supporter. Un exemple ? Alors que le héros lui rend visite, CHEZ ELLE donc, Alice -sorte de gouvernante de Loren- demande si elle doit servir des rafraîchissements :

« -Du thé seulement, s'il vous plaît, Alice, fit Adam.

Alice acquiesça avec un sourire et disparut vers la cuisine.

-Tu pourrais me consulter avant de lui donner des ordres. »

Toi aussi, ami lecteur, va chez un ami et choisit ce que ton hôtesse doit boire, je suis certaine qu'elle appréciera.

Le décor est donc planté. La demi-sœur, Maria, la pucelle magique, débarque alors chez Adam, avec ses valises et son hymen. Là, je me suis dit, quand même l'histoire d'amûr ne va pas avoir lieu entre Adam et sa DEMI-SOEUR ? Ben si. Et c'est pas le seul truc malsain. Nan. Parce que Adam voit vraiment la jeune comme une gamine et ne cesse de lui dire :

« Néanmoins tu n'es pas assez grande pour être indépendante ! »

Même qu'il passe son temps à se moquer de tout ce qu'elle dit :

« -Tu connais bien mère, pourtant. Crois-tu vraiment que Loren lui plairait ?

Maria, les coudes sur la tables, réfléchit un instant.

-Je ne sais pas... Peut-être... Après tout, l'important, c'est ton bonheur, répondit-elle, pensive.

-Quelle sagesse ! Observa-t-il moqueusement.

-Quant à moi, je ne crois pas qu'elle te rende heureux, avoua-t-elle spontanément.

-Je ne t'ai pas demandé ton avis, dit-il d'une voix exaspérée. »

Dans ces conditions on se demande comment leur relation va pouvoir se colorer de rose bonbon.

Tout au long du récit, Adam semble n'avoir qu'un but : dominer Maria. Ainsi, un jour que la jeune fille met un bikini pour bronzer...sur la terrasse, devant...personne, le connard lui passe un savon puis conclut :

« Ce n'est pas tout. Tu réagis comme une enfant chaque fois que j'essaie de t'imposer une discipline. Ton père a peut-être été trop sévère avec toi dans le passé, soit. Tu veux ton indépendance; d'accord. Néanmoins, je ne tolèrerai pas de gestes irresponsables. Est-ce bien clair ?

Maria regarda son assiette. C'était du chantage mais elle n'avait pas le choix, dût-elle le regretter plus tard. »

De la même façon, quant un méchant garçon s'intéresse à elle, il lui interdit de le voir mais n'explique pas pourquoi. Ensuite il filtre les appels du soupirant. Tyrannique, hein ?

On atteint le paroxysme de la domination lorsque Adam est censé partir en week-end avec sa maîtresse, Loren. Lorsque la pure Maria semble attristée de se retrouver tout seule :

« Adam lança un juron et revint vers la jeune fille à grands pas.

-Allez ! Dit-il avec impatience. Va faire ta valise. Tu viens avec moi.

-Non... Non ! Je... je ne veux pas; je ne veux surtout pas m'imposer ! S'écria-t-elle, horrifiée.

-Obéis, Maria ! Lança-t-il sauvagement. Et fais vite ! Ou tu auras à faire à moi !

Maria, effrayée, se glissa hors du canapé. »

Bien entendu, Maria obéit et se retrouve dans la résidence secondaire de Loren. Sont présents : le couple, la pucelle et Alice qui tient le rôle de chaperon. Maria qui n'est pas -quoique- demeurée, se doute que la présence de la gouvernante s'explique par sa présence à elle. Notre PucelleMagique le sous-entend face à Adam qui réagit vraiment mal :

« Maria refusait de se tourner vers lui.

-Tu es trop susceptible, Adam. Je n'ai rien voulu insinuer, murmura-t-elle d'une voix rauque.

-Si, au contraire. Je te connais suffisamment pour discerner quand tu veux me provoquer; Prétends-tu que la présence d'Alice ici soit exceptionnelle ? Continua-t-il en resserrant son étreinte. C'est bien cela, n'est-ce pas ?

Maria essaya de repousser sa main.

-Tu me fais mal ! S'écria-t-elle.

-Tu mérites qu'on te fasse mal, fit-il d'une voix rauque en la secouant. »

Comme tu le vois, ami lecteur, Adam pue du cul. Oui. Peu après leur retour à Londres, ce dernier emmène Maria à une fête. Pour cela, l'héroïne met une jolie robe toussatoussa. Réaction de notre connard en chef :

« -Je l'aime beaucoup. Elle te va bien.

Maria était loin de s'attendre à un compliment. Aussi jeta-t-elle un coup d'œil étonné.

-Je suis contente que quelque chose te plaise, murmura-t-elle doucement.

-Tu me plais quand tu ne te crois pas obligée de parler de ce que tu ne comprends pas, répliqua-t-il en souriant. »

De retour de la soirée, alors que franchement, la relation entre les deux personnages cumule tout de même -il est non seulement son demi-frère mais en plus il la tyrannise depuis le début- Adam embrasse la jeune fille. Sauf qu'ils se font surprendre par la belle-môman de Maria qui débarque on ne sait trop pourquoi. Forcément elle n'est pas ravie de la scène -on la comprend un peu-. Le lendemain matin elle prend donc son fils à part pour voir ce qu'il en est. Elle lui parle de Loren et dit qu'elle pensait qu'il l'épouserait. Voilà ce que le jeune homme répond :

« Je le croyais moi aussi, autrefois, remarqua-t-il. Mais comme bien des hommes, je veux épouser une femme chaste, même si je ne le suis pas moi-même ! Suis-je assez explicite ? Poursuivit-il ironiquement. »

A croire que la principale qualité de Maria est qu'elle soit pucelle -sérieux ?-.

Là les choses s'accélèrent. Adam rompt avec Loren mais cette dernière a quand même le temps de dire à Maria des mensonges. La jeune fille retourne donc chez son papa, le cœur tout cassé. Mais Adam aime sa PucelleMagique -qui est aussi, je le rappelle, sa demi-sœur. Alors il va la récupérer et l'épouse.

Tout cela se termine par un épilogue sublime. Les jeunes mariés sont réveillés en pleine nuit, Adam est appelé au dispensaire pour une urgence. Il est 2h du matin. Il rentre une heure plus tard et que trouve-t-il ? La soumise Maria, dans la cuisine, qui est restée debout à l'attendre. Pas sans rien faire hein. Nan. Elle lui a préparé un café :

« C'est la première fois qu'on me prépare du café en pleine nuit, tu sais, constata Adam.

-Et bien, je l'espère ! Tu n'as jamais été marié, non ? »

Magique, non ? Je te laisse avec cela, ami lecteur, en attendant un prochain culture pourrie... 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Et oui, c'est la chanson préférée des gynécos.<br /> <br /> <br /> <br /> Qui sait, on peut toujours faire pire ! j'en frémi d'avance.
Répondre
A
Ton commentaire m'a fait pouffer comme une dinde -ton jeu de mot final particulièrement-. Et sinon oui ce harlequin est magique. On peut difficilement faire pire -j'espère-.
Répondre
B
Première règle (non, pas les miennes, j'ai plus 12 ans) : ne jamais lire un article de "culture pourave" en buvant du café, c'est dangereux, surtout lorsqu'on en a dans la bouche et qu'on pouffe de rire, le clavier a failli se faire baptiser. <br /> <br /> <br /> <br /> Au même titre que le minou de PucelleMagique qui s'est fait arroser.<br /> <br /> <br /> <br /> Sérieux, moi aussi je me suis demandée comment ce mec horrible (en contradiction avec le fait qu'il soigne les nécessiteux) et autoritaire allait bien pouvoir tomber amoureux de la gourdasse de service qui bien qu'ayant un hymen est dépourvue de cervelle.<br /> <br /> <br /> <br /> Par certains commentaires, j'ai pensé à un ersatz de "50 nuances de Grey" dont j'ai lu quelques passages pas piqué des vers... <br /> <br /> <br /> <br /> Grey aussi donne des ordres à sa pucelle oie blanche (lavée avec Dash tellement qu'elle est blanche), dont certains sont "je t'interdis de jouir" et, durant une autre scène de cul un "tu peux jouir".<br /> <br /> <br /> <br /> Merci, monsieur est trop bon !!<br /> <br /> <br /> <br /> Et l'histoire Harlequin qui vire au rose bonbon, de jamais vu quand on voit comment il la traite : il avait peut-être plus envie de s'occuper de son triangle rose.<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, j'ai hurlé de rire avec ta chronique, sans parler des dialogues d'Audiard de l'auteur de cet ouvrage magnifique.<br /> <br /> <br /> <br /> Malsain ? Oui, une amie de ma classe (il y a très, très longtemps) sortait avec le fils du nouveau mec de sa mère. <br /> <br /> <br /> <br /> Le pire du livre, c'est quand il épouse sa Pucelle parce qu'elle est... pucelle !!! N'importe quoi, le pucelage ne se perd qu'une fois, ça repousse pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Et comme le chantait je ne sais plus qui "c'est, c'est, c'est l'hymen"
Répondre
A
C'est vrai ? Cela peut encore arriver ? Pffff.... La réserve des cultures pourris me semble parfois inépuisable...
Répondre
C
Ca peut encore arriver hélas, mais cela devient vraiment très rare, heureusement pour nos pauvres nerfs! ;)
Répondre
Publicité