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Les Voraces
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22 mars 2012

Rien ne s'oppose à la nuit – Delphine de Vigan

 

Édition : Lattes

Parution : 2011

Classement : Roman (auto-fiction ? autobiographie ?)

 

Depuis que je tiens assidument ce blog, depuis seulement six mois en fait, je n'ai jamais autant lu de livres fraîchement sortis. Les heures que je passe à vous lire sur vos propres espaces ou à traîner mes guêtres sur Babelio sont forcément ponctuées d'ajouts à ma liste de livres à lire. Le roman de Delphine de Vigan, en tête des ventes depuis très longtemps, ne pouvait donc m'échapper et j'ai eu beau résister, j'ai fini par me le procurer :

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inaboutie. »

Depuis de nombreuses années, l'auto-fiction et l'autobiographie sont en passe de devenir les genres les plus représentés sur les rayons de nos librairies. Nous sommes dans une société où le miroir est au centre de tout, où l'émotion n'est pas seulement glorifiée mais étalée, disséquée, éventrée. Généralement ce genre de roman à la lisière de l'auto-biographie a tendance à m'agacer prodigieusement. C'est pour cette raison que j'appréhendais un peu la lecture de Rien ne s'oppose à la nuit. Et bien ami lecteur, disons qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Dans cet ouvrage, l'auteur nous parle de sa mère qui s'est donnée la mort en 2008. Elle remonte le temps pour nous parler de ses grands-parents, des secrets de famille, des morts, des naissances, des fêlures. Cela ne m'a pas passionnée, je ne suis pas friande des psychanalyses jungienne livrées au public. Mais régulièrement madame de Vigan nous livre des passages sur son travail et sur le pourquoi du livre et ce sont ces derniers qui m'ont bouleversés. Les difficultés à écrire sur sa mère, sur soi, sont merveilleusement décrites. Alors finalement ce qui est intéressant ce n'est pas vraiment Lucile mais c'est Delphine à travers le prisme de cette mère si fragile. Tout nous incite à composer non pas un portrait de la mère mais celui de la fille. Ces décisions de taire la relation de Lucile avec les hommes par exemple porte en elle plus de signification que certains passages riches en évènements.

Disons que j'ai donc été plutôt agréablement surprise par cet ouvrage, bien que ce genre ne soit décidément pas mon préféré et je comprends l'engouement autour de ce bouquin. Après, je ne me sens pas l'âme d'un voyeur alors l'intimité de la famille m'a parfois un peu ennuyée mais comme je l'ai dit plus haut toutes les parties sur le travail d'écriture, sur Delphine de Vigan en train d'écrire sur sa mère, m'ont profondément intéressées et souvent émue.

 

NOTE GLOBALE : 14 / 20

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Commentaires
A
Nous sommes donc d'accord sur ce livre... n'empêche que perso je trouve que l'auto-fiction est trop présente à chaque rentrée littéraire !
Répondre
S
Ce genre de littérature n'est pas ma tasse de thé d'ordinaire, mais j'ai été émue aussi par ce beau texte de Delphine de Vigan
Répondre
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