Je vais bien, ne t'en fais pas – Olivier Adam
Édition : Pocket
Parution : 2006
Classement : Roman
Lorsque j'ai terminé l'ouvrage d'Olivier Adam et m'être construit ma propre opinion, je suis allée sur le site de Fnac afin de lire l'avis des internautes. Beaucoup de déçus l'étaient parce qu'ils reprochaient au roman de ne pas être le film qu'ils avaient vu précédemment. Je ferai à l'occasion un article indépendant sur l'adaptation, déjà parce que j'ai adoré cette dernière mais aussi parce que je pense que c'est une erreur de comparer les deux œuvres. Que cela nuirait aux deux. Commençons par poser la trame du récit :
Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre.
Je vais bien, ne t'en fais pas est le premier ouvrage que je lis de monsieur Adam et j'y ai donc découvert son écriture. Son style est celui de bien des écrivains de la « nouvelle génération », hachuré, haletant, rapide. Des phrases et des chapitres courts, bref ce style télégraphique que de nos jours on retrouve dans beaucoup de romans d'ailleurs cette manière lointaine d'hériter de Marguerite Duras n'aura pas fait que du bien. Je trouve qu'Olivier Adam s'en sort encore pas trop mal. Surtout qu'à mon sens cette manière d'écrire sert ici son propos. J'ai lu que Je vais bien, ne t'en fais pas savait « puiser dans le quotidien, la banalité de la vie pour la transcender en une histoire poignante », que c'était l'histoire d'une disparition qui devenait comme une forme de thriller. Je ne suis pas d'accord. Ce qui m'a frappée dans ce court récit, ce n'est pas tellement la quête de Claire après un frère fantomatique, ce qui m'a bouleversé c'est la critique de notre société que l'on peut lire entre les lignes. Ce sont LES disparitions qui comptent le plus. Celle de Claire d'abord, dans son travail de caissière, non pas tellement à cause du labeur en lui-même -bien qu'admirablement rendu- mais bien parce qu'il est facteur de regards désapprobateurs, méprisants, qui étouffent la jeune fille bien mieux que ne le font les codes barre. La disparition du quotidien tout entier, la classe moyenne laborieuse qui a force de s'absenter de sa propre vie ne parvient plus à sortir de son silence. Disparition de la parole donc, sous une pluie de non-dit au sein de la famille, ce qui finalement a conduit à cette absence de Loïc. Au fil du récit de monsieur Adam on se sent de plus en plus étouffer et mal à l'aise. On se sent inconfortable et même le dénouement tant attendu ne parvient pas totalement à nous délivrer. Jamais je n'ai eu l'impression qu'Olivier Adam transcendait le quotidien. Au contraire, il a eu le talent de nous le faire peser de tout son poids, afin que comme Claire nous ayons la sensation que c'est le vide qui nous empêche de respirer, au risque de disparaître nous-même complètement.
NOTE GLOBALE : 14 / 20